On en parle beaucoup aujourd’hui à la suite du scandale provoqué par un producteur important d’Hollywood, qui a abusé sexuellement de bon nombre de femmes. Les langues se délient, et un slogan même a été lancé par des féministes pour y contribuer : « Balance ton porc ! ».
Il est bon de briser une omerta séculaire. Mais les excès ne sont pas loin. D’abord le slogan en question peut conduire à la délation pure et simple visant des hommes à qui on dénie en fait toute présomption d’innocence. Dès que leur nom circule sur Internet, c’est fini, le mal est fait. Leur honneur est, comme disait Mitterrand à propos du suicide de Bérégovoy, « jeté aux chiens ». Ici ce sera : aux « chiennes de garde » !
Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! Je pense à l’affreux proverbe où fatalement ici on aboutira : « Il n’y a pas de fumée sans feu ! » La liste est innombrable des incriminations sans preuve. Elle l’est dans la réalité, et aussi dans la fiction, depuis la femme de Putiphar accusant Joseph dans la Bible, Phèdre accusant Hippolyte chez Racine, jusqu’au film de Cayatte Les Risques du métier, où un instituteur est de la part d’une élève l’objet d’accusations qui sont de pures affabulations.
En dernier lieu, comment définira-t-on un harcèlement sexuel ? Certes on est en terrain sûr avec les gestes et les comportements physiques, depuis les attouchements jusqu’au viol, et la qualification des peines encourues en ce cas va déjà jusqu’au crime. Mais que dire des paroles et des regards ? Si je dis à une femme qu’elle est belle, est-ce du harcèlement ? Et pareillement, si je la regarde avec sidération et comme ébloui, à quoi vais-je m’exposer ? Dévisager, est-ce envisager ?
En fait, la notion reste floue. Et le danger est de creuser irrémédiablement le fossé entre les hommes et les femmes. Aux États-Unis on ne parle pas à une femme dans une pièce dont la porte est fermée : elle doit rester ouverte, par précaution. Que gagnera-t-on quand on aura perdu cette notion pourtant essentielle et vitale pour les relations entre les sexes : la confiance ?
D.R.
commenter cet article …