On parle maintenant d’écriture inclusive pour assurer une représentation plus égalitaire des femmes et des hommes dans notre langue. On en trouvera quelques procédés sur Internet : francetvinfo, 02/09/2017.
Ainsi, comme tous les mots ne sont pas épicènes, c’est-à-dire recouvrant les deux sexes (« enfant, secrétaire »), on veut féminiser les fonctions : dire « la présidente » pour « Madame le président ». Soit, encore que je ne sais comment on désignera alors la femme du président.
Mais combiner le masculin et le féminin pour désigner un groupe qui comprend les femmes et les hommes (« les électeurs et les électrices ») me semble trop compliqué, car allongeant trop les formulations. Et puis, quel sexe mettra-t-on en premier ?
Le « pompon » en la matière est l’utilisation du signe « · », appelé point médian ou point-milieu. Exemple : « Les Français·es sont divisé·es sur cette réforme. » Le résultat est esthétiquement catastrophique, et je souhaite bon courage à ceux qui sur un clavier d’ordinateur veulent trouver ce point médian !
Avant le point médian, on avait pensé aux parenthèses : « Les Français(es) sont divisé(es) sur cette réforme. ». Mais on les a abandonnées au prétexte qu'elles servaient à inclure quelque chose de moins important, d'accessoire. Ce qui montre qu'on ne connaît rien à la fonction des parenthèses. Chez Proust par exemple elles sont loin d'inclure quelque chose de moins important, d'accessoire !
Les habitudes aussi d’écrire sont tellement ancrées en nous qu’il sera difficile d’admettre l’accord de proximité (« Les hommes et les femmes sont belles »), même si cette règle a pu être en vigueur jusqu’au XVIIe siècle. Il y a un attachement affectif à ce qu’on a appris depuis sa petite enfance, qu’il sera difficile à combattre.
Mais le plus ridicule et le plus dangereux à mon avis est le refus d’employer les noms seuls d’« homme » et de « femme » en s’aveuglant sur leur sens général possible. Ainsi les « droits de l’homme » doivent disparaître au profit des « droits humains », et la « journée de la femme » doit être proscrite, parce que pour le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, parler de « la femme » évoque « le fantasme, le mythe, qui correspondent à des images stéréotypées et réductrices telles que la figure de ‘l'Arabe’ ou ‘du Juif’. » Eh bien, n’en déplaise au Haut Conseil, je continuerai à essentialiser la Femme, à la suite des derniers mots de Goethe dans le Second Faust : « Et l’Éternel féminin toujours vers le haut nous attire. »
Au reste toutes ces arguties occultent l’essentiel : défendre vraiment les femmes, c’est lutter contre le harcèlement de rue, l’excision, l’inégalité des salaires avec les hommes, etc. Laissons ces nouvelles Précieuses féministes s’amuser du langage :
« Nous serons par nos lois les juges des ouvrages.
Par nos lois, prose et vers, tout nous sera soumis.
Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis.
Nous chercherons partout à trouver à redire,
Et ne verrons que nous qui sache bien écrire. »
(Molière, Les Femmes savantes, III, 2)

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