Il ne faut pas le confondre avec l’esprit laïque, qui ne prône que la séparation du religieux et du profane dans l’espace public. On peut très bien, et c’est mon cas, défendre ce dernier, et récuser le premier. Pathologie de l’esprit laïque, l’esprit laïciste ou laïcard est délibérément hostile à tout ce qui est religieux, qu’il ne veut pas voir même évoqué, par exemple, dans l’enceinte de l’école publique. C’est ce qui vient de se produire dans une école de l’Indre, où un instituteur a fait l’objet, de la part de sa hiérarchie, d’un déplacement contraint et d’une sanction pour « faute grave professionnelle », pour simplement avoir fait étudier en classe des passages de la Bible. Ayant fait appel de cette décision, survenue en juin 2017, il espère maintenant une réhabilitation (Source : Lefigaro.fr, 07/02/2017).
Se déclarant agnostique et fils et petit-fils d’instituteurs de l’enseignement public, il a voulu, dit-il, simplement répondre aux questions de ses élèves, genre : « C’est qui, le monsieur sur la croix dans la salle des fêtes ? », ou « Pourquoi on travaille pas à Pâques ? », ou enfin : « C’est quoi, le baptême de Clovis ? » J’ai moi-même dans ma carrière de professeur été confronté à l’ignorance abyssale des élèves en matière religieuse : pour eux une parabole est une antenne de télévision, la Passion la simple passion amoureuse, et même un crucifix n’est qu’un tournevis (cruciforme !).
J’affirme que l’ignorance des faits religieux élémentaires de notre culture condamne à ne rien comprendre du tout à nos arts et à notre littérature. Racine, Hugo, Baudelaire, et combien d’autres ! sont totalement incompréhensibles si on ne connaît pas l’arrière-plan religieux sur lequel leur œuvre s’est édifiée. Pourquoi s’en tenir à n’étudier que la mythologie gréco-romaine, païenne, et refuser d’explorer la mythologie chrétienne, sinon par référence à une laïcité mal comprise, et dévoyée ?
Je me sens bien proche de cet instituteur, agnostique (comme moi) et fils d’instituteurs (comme moi aussi). Espérons alors que son administration n’aura pas le dernier mot...
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