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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 01:00

I

l existe encore, surtout aux USA, des platistes, qui croient que la terre est plate, et que le soleil tourne autour d’elle.

 

Il y a d’abord les complotistes, qui disent que la rotondité terrestre fait partie des fausses nouvelles (fake news) propagées par exemple par la NASA, et que la photo de notre globe diffusée depuis l’espace est un leurre.

 

Ensuite il y a les créationnistes, qui interprètent littéralement la Bible, où ils ne voient aucun passage disant que la terre est ronde.

 

Les deux catégories ne croient pas non plus au réchauffement climatique, la première refusant cette idée parce qu’elle est soutenue encore par la NASA, et la seconde pensant que l’homme étant créé à l’image de Dieu, ce dernier ne pourrait permettre que sa créature ait un comportement si catastrophique.

 

Dans ces deux cas le croire vise une opinion que l’on professe. Lorsque la croyance va à l’en­contre de ce que prouve toute la communauté scientifique, on peut bien parler de crédulité.

 

Mais il ne faut pas ici confondre la croyance avec la confiance ou la foi, qui sont tout autre chose. Le croire que n’est pas le croire en. Le Credo par exemple dit bien en son début : « Je crois en Dieu... » (en latin Credo in Deum), et non pas : « Je crois que Dieu existe » (qui serait en latin : Credo Deum esse). Il ne s’agit pas ici d’une opinion, mais d’un mouvement de l’âme. L’accusatif d’ailleurs (in Deum) marque bien une direction, celle vers laquelle se porte la confiance. Ce n’est pas un lieu où se reposer définitivement, comme dans une certitude (dans ce cas on aurait en latin un ablatif (Deo). Le texte grec aussi a ici un accusatif de mouvement : Pisteuô eis Theon.

 

C’est une belle chose que la foi ou la confiance. Elle est à la base d’ailleurs de toute la structure sociale, qui pour bien fonctionner a besoin d’une fiducia, d’un crédit minimal porté à tous les signes symboliques et systèmes représentatifs qui la sous-tendent. Dans notre vie aussi il est grave que la confiance nous abandonne : certains, à qui elle a été enlevée depuis leur enfance, ne s’en remettent pas.

 

Aussi la tentation est-elle grande de se replier sur la croyance, sur les sécurisations qu’elle donne. Cela va des opinions plus ou moins farfelues, comme celles susmentionnées, jusqu’à l’adhésion à des dogmes religieux que le catéchisme nous a inculqués. On oublie vite la parole évangélique, si profonde pourtant : « J’ai foi. Viens en aide à mon manque de foi ! » (Marc 9/24).

 

[v. Confiance]

 

Article paru dans Golias Hebdo, 30 mai 2019

 

D.R.

 

***

 

Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.

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21 juillet 2023 5 21 /07 /juillet /2023 17:04

L'important est ce qui sort de nous, regards et paroles :

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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 01:00

J’

ai récemment relu les paroles du Credo, aussi bien dans sa version du Symbole des Apôtres, que dans celle de Nicée-Constantinople, et j’ai été frappé du fait que n’y figure en aucune façon ce que Jésus a enseigné durant sa vie.

 

On n’y mentionne que sa naissance, sa passion, sa mort, sa résurrection, et l’attente de son retour futur, sa parousie, avec le Jugement corrélatif. Mais sur tout ce qu’il a pu dire pendant son magistère, même réduit à trois ans, il y a un silence complet, que je trouve bien singulier.

 

Y réfléchissant, je pense que c’est tout simplement la construction paulinienne qui sous-tend le Credo, et Paul n’était pas intéressé par l’ensei­gnement de Jésus, qu’il ne cite pratiquement jamais.

 

Il a construit un scénario du sacrifice rédempteur du Messie, emprunté pour une partie au chapitre 53 d’Isaïe sur le « Serviteur souffrant », qu’il a interprété à sa manière, bien différente de celle des juifs (qui ne voient dans ce passage qu’une allégorie des épreuves subies par Israël) – et en partie aux cultes à mystères païens très répandus à l’époque, où un dieu meurt et ressuscite pour le salut de ses fidèles.

 

Cette construction est à la base du christianisme majoritaire, dont Paul est le créateur, et c’est donc naturellement qu’elle se retrouve dans le Credo.

 

Je trouve dommage qu’elle puisse faire oublier ce qu’a pu être l’enseignement même de Jésus. Certes je comprends bien qu’elle puisse émouvoir profondément les foules, qui ressentiront toujours  une grande empathie pour un Messie crucifié. Mais enfin Jésus s’y trouve en quelque façon instrumentalisé, jusqu’à sa divinisation finale même, dont on peut juger qu’il n’eût pas voulu. Ainsi le Fils de Dieu est-il devenu Dieu le Fils, et notre Enseigneur, Notre Seigneur.

 

Quant au storytelling paulinien, il nous touche beaucoup certes, mais ne nous éclaire pas beaucoup sur la façon dont nous devons vivre dès ici-bas. Et pire, il peut mener, par l’imitation qu’il peut nous proposer, à faire, à l’image du « message de la croix » (1 Corinthiens 1/18), une croix sur notre vie même.

 

Bref, je préfère quant à moi le Christ enseignant qui nous sauve, au Christ qui nous sauve en saignant. Il me semble que l’accès à Jésus se fait mieux par ses paroles, que par une construction mythologique, si touchante soit-elle.

 

Un homme se connaît par ce qu’il a dit, plutôt que par ce qu’on nous a dit qu’il était : « Ses disciples lui disaient donc : ‘Qui es-tu ?’ Jésus leur dit : ‘Absolument ce que je vous dis’. » (Jean 8/25) – « Par les choses que je vous dis, ne savez-vous pas qui je suis ? » (Évangile selon Thomas, logion 43).[1]

 

Article paru dans Golias Hebdo, 9 juin 2016

 

[1] Pour approfondir, on peut lire mon ouvrage Les Mystères du Credo – Un christianisme pluriel, BoD, 2018 :

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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