Notre Président en a fait preuve, lors de son récent discours devant la conférence des évêques de France au Collège des Bernardins à Paris, le 9 avril dernier. En voici le préambule : « Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer. » (Source : elysee.fr, 10/04/2018).
Évidemment tous les tenants de la laïcité se sont empressés de critiquer cette formulation. Il ne peut y avoir dans une République laïque aucun « lien », encore moins à « réparer » entre les religions et l’État. L’article 2 de la loi de 1905 précise bien : « La République ne reconnaît (…) aucun culte ». En fait elle se doit d’ignorer totalement et par principe les convictions philosophiques ou spirituelles des citoyens, entre lesquels elle établit et doit garantir une stricte égalité.
Le Président condamne avec raison une laïcité militante et agressive : « La laïcité n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel au nom du temporel, ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens. » Mais l’esprit laïque n’est pas l’esprit laïciste ou laïquard, il peut fort bien être respectueux de toutes les croyances : simplement l’expression publique d’un responsable politique doit prudemment se séparer de tout arrière-plan fidéiste. On respecte le croyant quel qu’il soit, on ne lui donne pas des gages, comme : « La sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation », ou : « La sécularisation ne saurait éliminer la longue tradition chrétienne. »
Le Président condamne justement le matérialisme au nom de « l’absolu ». Mais l’Église n’a pas le monopole de ce dernier, il peut y avoir un absolu sans transcendance religieuse. L’adresse finale aux évêques récuse en tout cas toute idée de séparation : « Nous pourrons accomplir de grandes choses ensemble. »
Il est dommage que ce discours, très beau pourtant, soit par endroits si maladroit, ou peut-être, au vu des réactions qu’il est appelé immanquablement à susciter, si naïf...

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