Elle est à nouveau au cœur de l’actualité, à la suite de l’agression dont a été victime une enseignante du lycée Branly de Créteil, sur laquelle un élève a braqué un pistolet en exigeant qu’elle le marque « présent » alors qu’il était arrivé en retard. Que le pistolet se soit ensuite avéré factice ne change rien au caractère sidérant de la scène.
Cela fait bien longtemps que l’on assiste à des conduites comparables, et cela, malgré ce qu’on dit, dans la majorité des établissements. Que ces actes en milieu scolaire reflètent la violence générale qui affecte la société est évident, mais ne les excuse en rien. Les sociologues devant ce véritable ensauvagement avancent plusieurs explications : individualisme forcené, revendication exclusive par chacun de ses droits au détriment de ses devoirs, déclin des valeurs ordinairement transmises par la famille, etc. Je suis d’accord avec eux, sauf quand ils font des délinquants des victimes de leur environnement. Cette culture de l’excuse, ce que Pascal Bruckner naguère appelait la « tentation de l’innocence », oublie que d’autres ont subi le même conditionnement, mais n’ont pas réagi de la même façon. Alléguer ici un déterminisme social absolu fait bon marché de la liberté de chacun, réduit ainsi à n’être que le jouet des circonstances.
Le plus préoccupant peut-être ici est la minoration systématique que fait la hiérarchie face à de tels actes, qualifiés d’« incidents », ou d’« incivilités ». Vouloir y répondre fermement relève alors d’une attitude « non pas éducative, mais répressive ». La vérité est que le directeur veut avoir dans son établissement le moins de conseils de discipline possible, pour qu’il soit mieux noté, et que la prime afférente lui soit bien attribuée. En quoi il est bien complice de cette violence. « Complice, disait Péguy, c’est pire qu’auteur, infiniment pire. C’est même pire que faire, car celui qui fait, il a au moins le courage de faire. Mais pour celui qui laisse faire, il y a la lâcheté en plus. » Et il concluait : « Il y a partout une lâcheté infinie. » Il n’y a rien de si actuel. [Voir : #pasdevague]

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