Les syndicats de professeurs du second degré ont été quasi unanimes pour faire grève, le mardi 19 mai dernier, contre la réforme du collège. Celle-ci prévoit notamment la suppression des options traditionnelles de latin et de grec. Elles seront remplacées par une initiation aux langues et cultures de l’Antiquité, dans une optique interdisciplinaire (source : 6Medias, 18-05-2015).
Il y a là, évidemment, un grand péril pour nos humanités classiques. Latin et grec ne sont pas des langues mortes, comme on le dit péjorativement, mais des langues anciennes, qui irriguent la grande majorité des langues européennes. Même l’anglais, qui n’est pas menacé par la réforme et qui devient à son tour, après le latin, une langue internationale, donc incontournable, est tributaire pour au moins 50% du latin. A fortiori pour les langues dites « latines » : comment peut-on apprendre sérieusement l’espagnol ou l’italien, par exemple, si on ne connaît pas le latin ?
On veut situer l’étude de ces deux langues dans celle de leur contexte de civilisation. Évidemment ce sera plus facile pour les élèves, car ainsi diluées, il ne sera plus nécessaire pour les apprendre de faire preuve d’autant de rigueur. On oublie que développer cette dernière est, ou devrait être la vertu essentielle de l’école. Sans exagérer, on peut dire que l’étude vraie du latin, non diluée dans le flou de la « civilisation », est une excellente préparation à celle des mathématiques.
Au reste, toutes les notions civilisationnelles sont contenues elles-mêmes dans une langue, qui les reflète en profondeur : simplement il faut savoir les y voir. Ce n’est pas faire injure aux professeurs d’histoire que de dire que l’étude d’une langue doit relever de professeurs qui lui sont spécifiquement formés. La fameuse « interdisciplinarité » ne clarifie rien à cet égard.
Au fond, cette réforme choisit la facilité. Censée « améliorer le niveau général des élèves », elle abaisse le niveau de ce qui est exigé d’eux. Les statistiques de « réussite » y gagneront peut-être, mais ce ne sera là qu’un cache-misère pour masquer l’indigence du fond. Et encore une fois on soumet l’école au lit de Procuste de l’égalitarisme.
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Nota : Un recueil de toutes les chroniques précédentes, que j'ai données à Golias Hebdo de fin décembre 2008 à début mars 2014, est disponible en version enrichie, avec regroupement thématique des notions, et assorti de nombreux liens internes et externes facilitant son exploitation, sous forme de livre électronique multimédia :
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