J’aime bien le double sens de ce mot : se déplacer dans les airs et dérober. Ces deux sens viennent d’être cumulés par notre Premier ministre, pour son voyage en Nouvelle-Calédonie. L’AFP a révélé qu’il a pris un vol privé loué à une compagnie étrangère entre Tokyo et Paris, alors même qu’un avion de la République, géré par l’armée de l’air, faisait le même trajet en parallèle et quasiment en même temps. Coût de ce trajet pour le chef du gouvernement et la délégation ministérielle : 350 000 euros (Source : Libération.fr, 20/12/2017).
Il a donc à la fois volé dans les airs, et volé le contribuable. Quant à ses explications, elles ont été on ne peut plus embarrassées. Il a prétendu qu’il devait être rentré en France avant que le Président ne s’envole pour l’Algérie, et qu’il ne fallait pas que les deux têtes de l’exécutif soient absentes du territoire national au même moment. Mais à qui fera-t-on croire que le déplacement présidentiel n’était pas préparé de longue date, et que le Premier ministre n’aurait pas pu le prévoir et programmer son retour en conséquence ? Finalement Matignon a admis que la vraie raison du coûteux changement d’avion sur l’aéroport de Tokyo était « le confort ». Mais là encore à qui fera-ton croire que l’installation d’un bureau voire d’une couchette dans un avion ordinaire coûte 350 000 euros ?
Cette somme pharaonique représente une vingtaine d’années de salaire pour un travailleur au SMIC. On imagine ce qu’il doit penser en apprenant un tel exploit. Le plus piteux dans l’affaire est l’argument avancé par Matignon selon lequel Manuel Valls a fait en 2016 un voyage analogue, qui a coûté 30% de plus. On se croirait à l’école, aux cafardages qu’on y entend : « Monsieur, c’est pas moi, c’est lui ! » Ou : « Il a fait pire ! ». Un axiome juridique dit bien pourtant que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude !
Le dégoût nous prend, quand dans ce qu’on croit être une démocratie, mais qui n’est qu’une monarchie élective, on se paie toutes ses fantaisies sur deniers publics. Au lieu de servir, on se sert.

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