Je viens de voir deux films dont elle est le sujet, mais opposés quant à leur conclusion : Le Grand bain, de Gilles Lellouche, et I feel good, de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Dans le premier, toute une bande de bras-cassés quadragénaires et dépressifs, très sympathiques au demeurant, parviennent à gagner contre toute attente et vraisemblance une compétition mondiale de natation synchronisée, et ainsi retrouver goût à la vie. Le sujet est le même que celui de Little Miss Sunshine, de Jonathan Dayton (2006), à la différence essentielle que la compétition dans ce dernier film n’est pas gagnée, et que le seul mérite est d’y avoir participé, en faisant ainsi une sorte de pied-de-nez au destin. Mais ici nos héros le sont bien effectivement devenus, et la publicité annonce un film dont on sort heureux. Quant à moi, vu le côté bien improbable de la chose, je me suis demandé pour combien de temps...
Le second film m’a plu bien davantage, car beaucoup plus lucide. Tous les efforts que fait le personnage principal, partisan des méthodes modernes de coaching, pour dynamiser les membres d’une communauté Emmaüs et pour les faire mieux se sentir et accéder à la course au profit en changeant leur look, s’avèrent vains. C’est facile à comprendre, car ce groupe est déjà uni et heureux : il n’a que faire du paradis capitaliste qu’on lui fait miroiter, avec ce fameux slogan initiateur I feel good (Je me sens bien), qui donc ici est une antiphrase manifeste.
Mais beaucoup se laissent prendre à tous ces feel good movies, qui présentent au départ une situation morose et à la fin une voie pour en sortir. Avec les feel good books (la plupart des livres dits « de développement personnel »), qui inondent nos librairies, ils s’inscrivent dans le grand courant de la psychologie positive. Ils relèvent de cette autosuggestion dont Émile Coué avait fait sa méthode naguère. Mais se répéter comme un mantra : « Chaque jour, à tout point de vue, je me sens de mieux en mieux » suffit-il à réussir dans la vie, ou même, ce qui est plus important, à réussir sa vie ? Les contes de fées plaisent aux enfants, mais les enfants sont en grand nombre.
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