Il semble ne pas avoir de limites, et ne pouvoir jamais disparaître. Ainsi j’ai appris que juifs, musulmans et chrétiens ont prié ensemble à Jérusalem pour que Dieu mette fin à la pandémie de coronavirus. Et on s’est félicité de l’œcuménisme manifesté à cette occasion, soulignant que cette prière collective a été faite « pour la première fois » (Source : nouvelles-du-monde.com, 22/04/2020).
Pour moi, je laisserai ici l’œcuménisme de côté, pour ne m’en tenir qu’à l’attitude témoignée dans cette prière, qui relève d’un total infantilisme. Voici un de ses attendus : « «Dieu, toi qui nous as épargnés de la famine et qui nous as fourni l’abondance, toi qui nous as libérés de la peste et de maladies graves et durables, aide-nous ! ». Autrement dit, nous ne sommes pour rien dans ce mal qui nous frappe, et c’est à toi de nous venir en aide. Cette attitude est celle d’un enfant qui implore son père de l’épargner, car c’est à lui qu’appartient la toute-puissance, et donc la seule capacité de le faire.
Le texte biblique d’ailleurs autorise cette vision, totalement infériorisante, et même potentiellement anéantissante pour l’être humain : « Je fais grâce à qui je fais grâce, et j’ai pitié de qui j’ai pitié. » (Exode 33/19 ; Romains 9/15) On en a une excellente et terrifiante actualisation dans la Lettre au Père de Kafka.
Or un minimum de réflexion et d’écoute des spécialistes montre en l’espèce que le virus a une origine non pas divine, mais simplement humaine. Il est né d’un contact trop proche des hommes avec les animaux sauvages, du fait de la déforestation qui a créé cette proximité. Et la déforestation, processus anthropique par excellence, a pour origine la cupidité des hommes.
On peut s’étonner d’ailleurs que l’on ne parle aujourd’hui que de créer un vaccin pour le coronavirus, alors qu’on s’interroge très peu sur les causes qui l’ont fait apparaître. Comme toujours, on ne pense pas loin. On cherche à pallier une conséquence sans s’interroger sur la cause. Et il est évident qu’à fonctionner ainsi on ne réfléchit pas que de telles crises (qui avaient déjà été prévues au cours des années passées par les anthropologues) se reproduiront évidemment dans l’avenir.
L’homme est responsable de ce virus qu’il a suscité : Dieu n’a rien à voir là-dedans. Et si on veut à tout prix maintenir son existence, il faut le concevoir tout autrement que comme un Père Fouettard ou un Père Noël.

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