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e 21 novembre dernier, la cour d’assises de la Manche a acquitté un jeune réfugié d’origine bangladaise du viol d’une lycéenne de 15 ans à Saint-Lô, dans la Manche, fin 2015.
Au procès, l’avocate de la défense a invoqué des difficultés d’interprétation de son client qui « n’avait pas les codes culturels » pour prendre conscience qu’il imposait une relation non consentie. Quant aux experts, ils ont décrit le réfugié comme empreint de la culture masculine de son pays d’origine où « les femmes sont reléguées au statut d’objet sexuel ». Autrement dit, il n’a fait que suivre les coutumes de son pays. (Source : LeFigaro.fr, 24/11/2018)
Il semble bien que ce soit cette absence chez lui de « codes culturels » appropriés qui ait emporté l’adhésion des juges, et ait provoqué l’acquittement.
Je sais bien qu’en matière de justice un progrès a été fait au cours du temps, lorsqu’on a cessé de considérer seulement l’acte commis en lui-même, pour prendre en compte le contexte, l’intention par exemple de l’agent et la présence chez lui d’une claire conscience de ce qu’il a fait. Mais enfin la décision d’absoudre me semble ici, comme elle l’a paru à beaucoup, totalement inadmissible.
Les « codes culturels » ont bon dos. Leur invocation ici procède du plus détestable des relativismes. Je sais bien encore ce que dit Montaigne des Cannibales dans ses Essais : « Chacun appelle barbare ce qui n’est pas de son usage. » Et aussi ce que dit Lévi-Strauss dans Race et Histoire : « Le barbare est celui qui croit à la barbarie. » Mais de telles formules, justes dans un sens, sont insoutenables dans un autre.
À ce compte-là, toutes les pratiques seraient également justifiées au regard des habitudes locales : l’esclavage, l’excision, etc.
Contre ce localisme spécificateur, qui est un communautarisme, il faut défendre l’abstraction généralisante des droits de l’homme, selon par exemple l’idéal des Lumières. Et traiter autrui, selon le mot de Kant, jamais comme un moyen, mais toujours comme une fin. C’est ce qu’on aurait dû faire comprendre, par un verdict moins absurde, à notre prédateur sexuel.
Article paru dans Golias Hebdo,13 décembre 2018
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