Il se répand partout, y compris en des lieux où on ne s’attendait pas à le trouver. Ainsi une église d’une petite commune du Béarn va accueillir un Escape game, et sa chapelle un cabaret, de façon à permettre le financement de leur restauration. Pour leur jeu de stratégie, les élus se sont inspirés d’un Escape-church temporaire, installé dans la cathédrale Saint-Seurin de Bordeaux. Le scénario tiré de la Bible, est validé par Mgr Aillet, évêque de Bayonne. (Source : lefigaro.fr, 02/07/2023)
Certains peuvent être choqués par ce changement de destination de lieux de culte, voyant ici une profanation. Mais pas moi. La chapelle était depuis longtemps désacralisée, et que l’église menaçait ruine. Alors pourquoi ne pas chercher des subsides pour les réhabiliter ?
De toute façon l’Église elle-même a choisi la voie de l’invention divertissante. Je veux parler d’une tendance historique de plus en plus affirmée, qui a recouvert la voix et la voie de Jésus lui-même, l’Évangile du Christ (Evangelium Christi), par des fictions sans borne et sans frein : l’Évangile au sujet du Christ (Evangelium de Christo). Voyez l’exemple de l’art renaissant à partir de Giotto, qui figure très librement des scènes évangéliques seulement supposées, ou encore les retables qui ont proliféré dans la Contre-réforme à partir du Concile de Trente.
Le retable, littéralement qui se trouve en arrière de l’autel (retro tabulam altaris), permet de s’en évader par la fiction et le rêve. C’est en effet le triomphe des images qui ne le cèdent en rien pour alimenter l’imagination à celles des Escape games ou jeux vidéo modernes. Aussi à ceux qui admettent les premières et refusent les secondes on peut répondre qu’un même principe, le pouvoir de faire rêver et de distraire, est à l’œuvre dans les deux.
Il me souvient qu’un jour un fidèle était scandalisé par le fait qu’une séance de cinéma était faite dans une église. À quoi j’avais répondu que l’Église faisait du cinéma depuis deux millénaires.
Bien entendu je ne parle ici que de l’Église romaine. Chez les protestants, fondamentalement iconoclastes, la question ne se pose pas : un temple peut accueillir bien des manifestations différentes. Simplement je pense qu’en catholicisme on ne peut se réclamer du message initial de Jésus, en oubliant ce qu’on présente aux fidèles, une profusion d’images qui n’ont avec lui qu’un rapport bien lointain.
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