Lors des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), une messe a été célébrée au cours de laquelle des bols avec couvercle plastique et gardant encore leur code-barres Ikea ont été utilisés pour distribuer la communion à la place des ciboires. Ce geste a suscité l’hostilité des traditionnalistes, qui y ont vu un manque de respect pour les symboles sacrés de la messe. (Source : cath.ch, 14/08/2023)
Le prêtre responsable assure tout de même avoir laissé des instructions pour recueillir le couvercle plastique après la messe. « Il a été brûlé parce qu’il avait été en contact avec Notre Seigneur. » Cette formule définit ce qu’on appelle le réalisme eucharistique, auquel l’Église catholique s’attache bec et ongles depuis le Concile de Trente, en réaction contre les protestants, et qui est illustré par exemple dans le chant Ave verum (corpus) : « Salut, vrai corps (de Notre Seigneur) ... » Cette transsubstantiation est une vision magique, prestidigitatrice, ne laissant aucune possibilité d’une vision symbolique des choses.
Pourtant on aurait pu voir dans les ciboires en bois, comme l’ont suggéré certains, un message d’humilité et de simplicité, en invitant les jeunes à réfléchir à la valeur toute relative des éléments matériels dans la liturgie. Et dans le couvercle plastique une salutaire protection contre le vent qui soufflait ce jour là, empêchant les hosties de s’envoler. Mais non, on s’est arc-bouté sur le respect d’habitudes, renvoyant à un héritage dont on ne se rend pas compte d’ailleurs qu’il n’a pas toujours existé – tout au long du premier millénaire on s’est contenté de dire qu’à la messe Jésus était présent sur l’autel d’une certaine manière (secundum quemdam modum), sans plus.
Ce qui est en question est le sacré, et son côté régressif, obscurantiste. Un de ses grands pourfendeurs est Jésus lui-même, lorsqu’il dit que l’important n’est pas ce qui entre en nous, car de toute façon cela finit aux lieux d’aisance, mais ce qui sort de nous, regards, paroles, gestes, etc. De la même façon dans Qu’est-ce que le bouddhisme ? J-L. Borges dit que dans certains monastères les images du Maître servent à alimenter le feu, les écritures saintes ont une fin des plus malpropres. Il n’en est pas autrement de l’hostie de la communion : elle est digérée, puis expulsée du corps. Combien plus importante alors est la seule parole du Maître ! Mais certains ne le voient pas.
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