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Cheminée
On vient de s’aviser que dans sa version traditionnelle du foyer ouvert elle pouvait constituer une menace pour la santé publique, pour cause d’émission dans l’atmosphère de nuisibles particules fines. À partir de janvier prochain, ce mode de chauffage va être interdit en région parisienne. Exception sera faite toutefois pour les foyers fermés (Source : Libération, 04/12/2014).
Ce type de mesure me semble relever d’un abus manifeste de ce « principe de précaution », pouvant mener à la paralysie, que j’ai déjà dénoncé dans un billet paru dans le n°345 de Golias Hebdo. D’abord tous les spécialistes s’accordent pour voir dans cet anathème une disproportion manifeste, et pour reconnaître, comme le dit l’article de Libération susmentionné, que « les feux de cheminées peuvent apparaître comme un problème moins pressant que celui du trafic automobile ». Ensuite on peut avancer que l’utilisation du bois, ressource renouvelable, est plus écologique que celle des ressources fossiles, comme le charbon ou le pétrole. D’autre part, elle est le seul moyen pour se chauffer des foyers pauvres. Si on l’interdit, ils seront condamnés à avoir toujours froid.
Aussi, comment fera-t-on respecter l’interdiction ? La police viendra-t-elle dans l’intimité des maisons ? À moins d’être prévenue par un voisin voyant s’échapper de la fumée d’une cheminée, ce qui encouragera la malveillance et la délation...
Enfin, on n’a pas réfléchi à la richesse imaginaire du feu de bois, comme par exemple Bachelard l’a analysée dans sa Psychanalyse du feu. Le feu parle à l’âme, à la rêverie, en s’adressant à tous nos sens. Si l’on en vient au foyer fermé, restera la seule vision de la flamme, et l’ouïe, l’odorat, le toucher même ne seront plus sollicités. Tout le festif d’un moment magique pluri-sensoriel disparaîtra. Ce sera un considérable appauvrissement.
Finalement, une fois engagés dans ce chemin de peurs, où nous arrêterons-nous ? Qui empêchera une personne allergique de déposer plainte contre le propriétaire d’arbres ou de fleurs laissant s’échapper des pollens dont elle s’estime victime ? La vérité est qu’il faut toujours en toutes choses garder mesure : Est modus in rebus. Car tout est dangereux dans la vie elle-même, qui est, comme tout le monde le sait, une maladie mortelle sexuellement transmissible.
Nota : Un recueil de toutes les chroniques précédentes, que j'ai données à Golias Hebdo de fin décembre 2008 à début mars 2014, est disponible en version enrichie, avec regroupement thématique des notions, et assorti de nombreux liens internes et externes facilitant son exploitation, sous forme de livre électronique multimédia :
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