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À la suite d’une demande de la fédération locale de la Libre pensée, le tribunal administratif de Nantes a décidé que la crèche de Noël, installée dans le bâtiment abritant le Conseil général de Vendée, était un « emblème religieux » incompatible avec le « principe de neutralité du service public ». Obligation a donc été faite de la faire disparaître. Évidemment, on a assisté à une levée de boucliers de la part des traditionnalistes. Ainsi Philippe de Villiers s’est dit « outré, scandalisé» par cette décision qu’il a qualifiée de « totalitaire» : « La France est une terre chrétienne, cette décision relève d’un laïcisme mortifère qui viole nos traditions et nos coutumes » (Source : Le Figaro.fr, 03/12/2014).
Je suis personnellement tout à fait d’accord avec la décision du tribunal, et je pense à ce que pourraient dire, voyant une crèche dans un espace public, les juifs et les musulmans, pour qui elle ne signifie rien. « Deux poids, deux mesures », diraient-ils, et ils auraient raison. Ensuite je conteste absolument la remarque de M. de Villiers à propos de la France « terre chrétienne », car il confond « chrétien » et « catholique ». Pour les catholiques seuls la crèche a du sens. En monde protestant, essentiellement iconoclaste, la crèche relève d’une idolâtrie dangereuse. Si l’on va jusqu’à prier devant elle, elle devient objet de culte. Cessons donc de parler de « culture » à son propos. Car si le culturel est une chose, le cultuel en est une autre !
Enfin, je dirai que la crèche ne dit rien du tout de ce qu’il en fut du Jésus historique, et surtout, ce qui me semble essentiel, de son message, de son enseignement. Elle participe du storytelling habituel des évangiles (l’âne et le bœuf même viennent des apocryphes), qui très souvent a recouvert l’évangile ou la bonne nouvelle du Christ (Evangelium Christi), par la bonne nouvelle au sujet du Christ (Evangelium de Christo). Où est par exemple le Logos, la Parole, dans l’Enfant-Jésus, « enfant » signifiant précisément : « qui ne parle pas » ? Libre aux enfants de s’attendrir, loin de l’espace public bien sûr, devant ce Jesu bambino tout nu qui se tortille en tout sens. Mais ce n’est qu’un mythe, une fiction de plus.
Nota : Un recueil de toutes les chroniques précédentes, que j'ai données à Golias Hebdo de fin décembre 2008 à début mars 2014, est disponible en version enrichie, avec regroupement thématique des notions, et assorti de nombreux liens internes et externes facilitant son exploitation, sous forme de livre électronique multimédia :
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