N" (Textes sur images)
Les figurations du kitsch sont si banales, si effrayantes même d'irréalité, qu'on peut avoir la tentation de les détruire, quand on les sent trop provocantes eu égard à ce qu'est notre vie. Toute la négativité de l'existence disparaît dans le kitsch. Il est « la négation absolue de la merde », selon le mot de Kundera, dans L'insoutenable légèreté de l'être. Or notre vie n'est pas que paradisiaque, elle comporte aussi ses gouffres, sa part de démonique, comme disent les Allemands. De même que les graffiti, les tags sur les murs de nos villes sont des réactions coléreuses et iconoclastes face aux images publicitaires lisses et irréelles dont nous sommes abreuvés, de même nous pouvons avoir envie, parfois, de détruire ou de défigurer ces figurations que nous sentons menteuses, et trop loin de nous. C'est ce que je me suis amusé à faire avec l'image de mon nain de jardin (sa figure initiale demeure tout de même en dessous de l'image qui suit, pour qu'on voie bien ce dont je suis parti et que je me suis amusé à détruire) :
Personnellement je préfère bien sûr la première image à la seconde. Cette défiguration-reconfiguration ne serait-elle pas une transfiguration ? L'abstraction (ou plutôt ici la stylisation ou l'abstractionnement) ne serait-elle pas une stratégie de défense contre le kitsch ?
→ Voir aussi mon article : Beauté.
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