Comme beaucoup, j’ai regardé à la télévision, lors des périodes de fêtes, des spectacles de cirque. Et autant j’ai aimé les prestations montrant l’habileté humaine, comme celle des jongleurs, des acrobates, etc., autant j’ai détesté les habituels numéros de dressage d’animaux.
À l’évidence, ces bêtes sauvages n’ont pas ici la possibilité d’épanouissement qu’elles auraient si elles étaient restées dans leur milieu naturel. L’espace vital leur est chichement mesuré, leur dignité n’est absolument pas respectée quand on les harnache de façon ridicule, comme c’est le cas par exemple des éléphants, et la prétendue complicité entre elles et leur dompteur n’est qu’un leurre. Il suffit de voir qu’elles n’obéissent qu’à la promesse d’une récompense, qui leur est effectivement donnée à la fin de chaque tour exécuté. Dans le cas des félins, on sollicite leur feulement au moyen d’un long bâton, quand ce n’est pas d’un fouet, pour impressionner le public. Je me demande qui est le plus pathétique, du pauvre animal ou de l’homme qui a recours à ces arrogants et ridicules stratagèmes.
L’affirmation de la supériorité de l’homme par rapport aux animaux est propre à notre culture occidentale. La Bible fait dire à Dieu, à l’adresse de Noé et ses fils : « Vous serez un sujet de crainte et d’effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains. » (Genèse 9/2) Ce « sujet d’effroi » m’a toujours effrayé. D’où tirons-nous que nous devions ainsi dominer les bêtes ? Bien plus tard, Descartes les a même comparées à des « machines ». Les autres cultures ignorent cette inadmissible prétention. Les Chinois par exemple dans leurs numéros valorisent l’adresse, l’équilibre : ils ignorent le dressage.
Beaucoup voudraient chez nous la suppression de ces navrantes comédies, comme des lois y obligent déjà en Autriche et en Grèce, bientôt en Belgique (Source : Le Monde.fr, 09/01/2014). Le succès des spectacles sans animaux, comme ceux du Cirque du soleil, montre bien une alternative. Espérons que cette orientation se généralisera, et que cessera le mépris de nos frères vivants.
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