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16 octobre 2023 1 16 /10 /octobre /2023 01:00

J’ai conclu mon dernier article sur la situation géopolitique actuelle, Complexité, par la phrase suivante : « Un enfant israélien et un enfant palestinien ont le même sourire. » Je me pose maintenant la question de savoir pourquoi un enfant, qui naturellement sent comme proches de lui tous les autres enfants, potentiels camarades de jeu, peut devenir plus tard un adulte xénophobe et criminel, comme il se voit dans le confit israélo-palestinien, de quelque côté qu’on le considère.

 

Il me semble que c’est l’ambiance qui environne sa croissance, et au premier chef l’éducation qu’il reçoit, qui sont responsables de cette tragique métamorphose.

 

L’éducation idéalement devrait développer l’esprit critique de l’enfant, empêcher qu’il s’identifie pleinement à ce qu’il pense et croit, et qui est toujours sujet à examen et à doute. Elle devrait développer en lui ce qu’on appelle la métacognition, c’est-à-dire une distance constante vis-à-vis de ses propres opinions, toujours révocables. Mais non, c’est le contraire qui se produit. On veut mouler l’enfant, le façonner en lui inculquant une grille indispensable de pensée. En l’occurrence, ce seront la Bible et le Talmud pour l’un, le Coran pour l’autre. Ainsi la même terre sera dite promise par Dieu au premier, propriété du premier occupant au second.

 

L’enfant spontanément ne sait pas tout cela. Ce sont les adultes qui le lui inculquent comme pensée obligée. Ils violent en quelque sorte son esprit initialement sans tache par des diktats souvent violents et vengeurs qu’eux-mêmes ont reçus et intégrés de leurs propres parents, et ce à l’infini. Rien de naturel à cela. Tout est appris. Et ensuite à l’éducation parentale s’associe le modèle idéologique transmis par la société des adultes. À l’arrivée, on voit des enfants qui les imitent, armés et prêts à combattre (les « petits lionceaux du Khalifat », pour Daech).

 

Ce n’est donc pas pour rien que le Jésus évangélique dit qu’il faut devenir un enfant pour entrer dans le Royaume. C’est-à-dire se dépouiller de toute la carapace éducationnelle, aliénante et aveuglante quand elle n’est pas soumise à la raison. Seul l’enfant, surtout quand il ne subit pas l’entrainement possiblement mortifère d’un groupe, peut réaliser pleinement le modèle humain idéal : accueillant l’autre avec tolérance et empathie. De ce point de vue, on peut dire qu’il est plus homme que l’homme. Malheureusement il ne tient pas ce qu’il promet.

#Enfant. #Education. #Dressage.
D.R.

 

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13 mai 2022 5 13 /05 /mai /2022 01:00

S

elon la Bible il fut condamné par Dieu, pour avoir tenté Ève, à « marcher sur son ventre et manger de la poussière tous les jours de sa vie » (Genèse 3/14)

 

Évidemment le lecteur se demande alors comment il était et ce qu’il faisait auparavant : volait-il dans les airs, avait-il des pattes, par exemple de longues et fines jambes qui faisaient sa fierté ? Toutes les rêveries sont possibles...

 

Mais non, aujourd’hui le mystère est levé. On vient de révéler l’existence, au musée de Berlin, d’un fossile de serpent pourvu de quatre membres inférieurs. Cette découverte est annoncée triomphalement, photo probatoire à l’appui, sur un site juif bien-pensant, qui y voit une preuve de la vérité historique, factuelle, du récit biblique : « Découverte d’un serpent à quatre pattes comme le décrit la Torah ! » (Jforum.fr, 26/11/2017).

 

La Torah évidemment ne « décrit » pas un serpent à quatre pattes. Cette assertion est le propre d’un commentateur assurément pieux, qui extrapole sur le récit et veut le conforter par une argumentation logique qui en garantirait la vérité. Et c’est précisément cette attitude qui est bien naïve. Elle oublie le sens symbolique du récit. Comme l’écrit Alain dans Les Dieux : « Ce qui importe n’est pas si c’est vrai, mais comment c’est vrai. »

 

La Bible ne s’intéresse pas du tout à la vraisemblance factuelle de ce qu’elle raconte. Elle procède exactement comme fait Ovide dans ses Métamorphoses.

 

Le poète voit par exemple les baies rouges du mûrier, et il imagine qu’elles sont le résultat d’une fiction qu’il nous raconte : autrefois elles étaient blanches, mais Pyrame se méprenant et croyant à la mort de son amante Thisbé qu’il suppose, ne voyant plus que son écharpe, avoir été dévorée par un lion, plonge son épée dans son sein, et son sang rougit les fruits qui désormais seront rouges (IV, 55-166).

 

Il en est de même du serpent biblique : ce qu’il en fut de lui avant la malédiction divine n’a aucune importance. Simplement sa reptation actuelle est le résultat d’une fiction étiologique forgée ad hoc, pour en rendre compte.

 

Chercher de la logique dans ce type de récit procède d’un littéralisme étranger à toute poésie, donc au sens profond des choses.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 14 décembre 2017

 

D.R.

> Pour lire un article scientifique sur cette question des pattes du serpent, cliquer : ici.

 

***

 

Cet article est extrait du livre suivant :

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
17,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

> Pour voir tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

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4 août 2021 3 04 /08 /août /2021 01:01

D’

après Le Canard Enchaîné, en son numéro du mercredi 13 juillet 2016, notre Président s’est attaché les services d’un coiffeur à temps plein, qui le suit partout, et qui est payé 10 000 euros bruts par mois.

 

J’ai alors pensé au perruquier de Louis XIV. Et encore avait-il plus de travail que celui-là, l’arran­gement d’une perruque demandant sûrement plus de travail que de coiffer quelques cheveux.

 

Cette comparaison monarchique n’est pas excessive, car manifestement c’est à tort que nous nous imaginons vivre en démocratie. Notre régime est en fait une monarchie élective, où le Président peut faire tous ses caprices : il a beaucoup plus de pouvoir qu’une tête couronnée, que ces rois ou ces reines qu’encore beaucoup de pays d’Europe ont conservés à titre symbolique, mais qui ne gouvernent pas. Et on voit bien ici que, pour n’être pas couronnée, rien n’est assez beau pour son auguste tête...

 

En France, avec le régime actuel, la seule élection qui compte vraiment est la présidentielle : une fois élu, le monarque républicain est omnipotent, et peut par exemple ne tenir aucun compte de son impopularité. Serait-elle très grande, qu’il ne démissionnerait pas pour autant. N’est pas le général de Gaulle qui veut.

 

On me dira que cette histoire du coiffeur présidentiel est négligeable en importance, qu’il n’y a pas là de quoi se faire des cheveux, ou de bizarrement les perdre quand on s’en fait, ou de couper les cheveux en quatre.

 

Je n’en suis pas sûr. D’abord le retentissement symbolique en est catastrophique, à l’heure où beaucoup de chômeurs n’ont pas même de quoi aller chez le coiffeur.

 

Ensuite, la signification en est qu’aujourd’hui l’image d’une personne, son look, est bien plus important que ce qu’il peut dire. Le message est simplement la forme dans laquelle il se présente, relayée évidemment par les medias. Mac Luhan l’avait dit : « Le message, c’est le medium ». C’est un formalisme complètement déréalisant et aliénant. Aujourd’hui, on est jugé sur son aspect et sa coiffure, comme ont dû le dire à notre monarque les communicants de service.

 

Je ne sais si le président redoute la canitie ou l’alopécie. En tout cas et au bout du compte l’essentiel de la politique de notre pays est entre les mains d’un coiffeur !

 

J’espère tout de même que ce billet fera un peu réfléchir, et ne paraîtra pas tiré par les cheveux. Il n’y a pas de petit sujet, même capillaire.

 

28 juillet 2016

 

D.R.

 

***

Ce texte est extrait de mon dernier recueil d'articles Petite philosophie de l'Insolite. L'ouvrage est disponible en deux formats, papier et livre électronique (E-Book). On peut en feuilleter le début en cliquant ci-dessous sur : Lire un extrait. On peut le commander sur le site de l'éditeur en cliquant sur : Vers la librairie BoD. Il est aussi disponible sur commande en librairie et sur les sites de vente en ligne.

Petite philosophie de l'Insolite
Théron, Michel
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Enfin n'hésitez pas à visiter mon blog artistique, pour voir des photos, des vidéos, des textes littéraires et poétiques :

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).

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