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11 juillet 2025 5 11 /07 /juillet /2025 01:01

Un ancien article (4 février 2021)

 

On se demande quel sera le monde d’après la présente crise sanitaire. Le Financial Times répond à cette question en lui consacrant un dossier, et il qualifie même ce nouveau monde : il sera celui de l’« hédonisme alternatif ».

 

À l’en croire, le travail va être de plus en plus marginalisé, et ne sera plus en tout cas notre activité principale. Pour deux raisons. D’abord, avec les avancées technologiques, il y aura de moins en moins de travail. De ce fait on ne voudra plus travailler plus pour gagner plus (à l’inverse de ce que prônait le président Sarkozy). En premier lieu parce qu'on gagnera moins du fait de la raréfaction du travail, et ensuite parce qu'on ne voudra plus consommer davantage que ce dont on a besoin, en particulier parce que consommer davantage nuit à l’état de la planète.

 

Travail et consommation déclineront donc, au profit du temps libre, consacré au plaisir (en grec hédonè, d’où « hédonisme »). Plaisir de se cultiver, de jardiner, de faire du sport, de cuisiner, de s’occuper des autres dans des associations (care, intimate life, leisure and community projects)... En somme, moins de biens, et plus de liens.

 

C’est donc une vraie révolution sociétale qui est annoncée. La question que je me pose évidemment est : cette façon de vivre concernera-t-elle toute la planète ? Ne sera-t-elle pas propre aux pays dits « développés » ? Qu’en sera-t-il de ceux du Tiers Monde ? Comment les premiers peuvent-ils aider les seconds pour compenser leurs handicaps ?

 

Malgré tout, la description du monde futur faite par le Financial Times a tout pour me plaire. Cela fait longtemps que je prône une décroissance et une déconsommation. Notre planète ayant des ressources limitées, et son état se dégradant du fait de notre activité, je ne vois pas comment on pourrait être d’un autre avis.

 

Il faudra donc changer complètement notre « logiciel », ainsi que les présupposés de notre culture. Abandonner la valorisation exclusive du travail, que nous devons au Moyen-âge chrétien, et la stigmatisation de la paresse (qui est devenue un des péchés capitaux). Le travail est initialement un châtiment biblique, et son nom se tire d’un instrument de torture (tripalium). Il y a donc un « droit à la paresse », pour reprendre le titre d’un livre de Lafargue. Et nos nouvelles Béatitudes se calqueraient sur celle du film Alexandre le Bienheureux.

 

Je ne sais si cette vision se réalisera. Mais je vois très bien la catastrophe où l’on va tout droit si l’on garde le mode de vie que l’on a eu jusqu’à maintenant.

 

D.R.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 4 février 2021

 

***

 

Cet article est paru dans le journal Golias Hebdo. Pour lire d'autres articles comparables à celui-là, vous pouvez voir mon recueil : 

 

Pour voir l'ensemble des volumes parus dans cette collection, cliquer ici.

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9 juillet 2025 3 09 /07 /juillet /2025 01:01

Un ancien article (22 juillet 2021)

 

Notre président vient de donner son avis au journal Elle sur le port à l’école par les filles, du crop top, ou tee-shirt coupé dévoilant le nombril : « À l’école, je suis plutôt ‘tenue décente exigée’, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école. On peut tenir compte de la part de fantaisie d’un ado et tenir bon sur certains principes. » Mais aussitôt Jean-Luc Mélenchon lui a répondu en direct de l’Assemblée nationale, face à la presse : « Je n’avais pas compris qu’il faisait partie des attributions du président de la République ni de ses pouvoirs de déterminer la longueur des tee-shirts des jeunes filles. » Et il s’est inquiété des dérives possibles dans la société : « On se dirigerait progressivement vers une police du vêtement ; les uns ne supportant pas les foulards et les voiles, les autres la longueur des tee-shirts. » (Source : lci.fr, 02/07/2021)

 

Je suis tout à fait de l’avis du président, et je trouve tout à fait démagogique la position du chef du groupe LFI à l’Assemblée.

 

En effet l’École à mon avis doit être sanctuarisée, mise à l’écart de la vie ordinaire. Il n’y doit pas être question d’autre chose que de l’acquisition de savoirs, et aucune place n’y doit être faite à autre chose, comme la coquetterie, la provocation de l’autre. Le crop top peut exciter la testostérone des garçons, et les détourner de ce pourquoi ils sont à l’école. À cet égard le port de la blouse ou d’un uniforme quelconque, fâcheusement abandonnés à mon avis, serait un progrès, gommant par son abstraction même les caractéristiques et assignations individuelles.

 

On entend à ce propos des opinions délirantes. Telle celle d’Élisabeth Moreno, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes « En France, chacun est libre de s’habiller comme il le veut. » Ou de Marlène  Schiappa, sa prédécesseure devenue ministre déléguée à la Citoyenneté : « Les jeunes filles qui portent jupes décolletés, crop top ou maquillage affirment leur liberté face aux jugements et actes sexistes. » (même source). Pour répondre à la première, je ne peux en France m’habiller en tenue de plage par exemple pour marcher dans la rue. Et pour la seconde, je ne vois pas en quoi provoquer un agresseur potentiel est affirmer sa liberté. Bien plutôt c’est aller au devant de l’agression. – Toutes ces opinions sont irresponsables.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 22 juillet 2021

 

D.R.

 

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7 juillet 2025 1 07 /07 /juillet /2025 01:01

Un ancien article (24 juin 2021) :

 

Celle que vient de recevoir notre Président lors d’une visite en province fait beaucoup réfléchir.

 

D’abord d’un point de vue politique on constate une crise de la démocratie représentative et un désir de plus en plus affirmé des citoyens, qui ne s’y voient pas reconnus, d’une participation directe à leurs propres affaires : en somme, une victoire des idées de Rousseau sur celles de Montesquieu.

 

Le danger de la démocratie directe est celle d’un contrôle constant des décisions, la généralisation du référendum avec le risque du plébiscite, l’apparition de tribunaux populaires à pouvoir révocatoire étant l’aboutissement, déjà connu dans l’Histoire, de cette tendance.

 

On sait que le primat de l’affect et du réflexe sur la réflexion fait le lit de tous les populismes. Internet et les réseaux sociaux est le lieu où s’affrontent des bulles ou des niches idéologiques, monades refermées sur elles-mêmes, autoproclamées omniscientes, très souvent paranoïaques et complotistes, défendant leurs idées sans égards et sans merci pour les autres. Que donc certains politiques s’exhibent de façon irréfléchie sur les réseaux sociaux contribue évidemment à la désacralisation de leur fonction. Et au fond, à la dégénérescence de la démocratie en ochlocratie, ou gouvernement de la foule ou de la populace.

 

Mais le problème soulevé par la gifle présidentielle dépasse la sphère du politique, pour concerner la société tout entière. Un individualisme exacerbé la caractérise, le citoyen n’a plus la vision générale du bien public, et l’usager devient un client. Les anciens corps intermédiaires, comme les syndicats, les associations de l’engagement bénévole, sont boudés. L’utilitarisme et le consumérisme triomphent. Et chacun, de façon totalement décomplexée, s’arroge le droit de tout juger, confond autorité et autoritarisme, conteste tout pouvoir et sa manifestation. Ainsi des parents d’élèves à qui on a laissé trop de place veulent se substituer aux enseignants. Les pompiers sont caillassés. Les responsables des services d’urgence dans les hôpitaux sont agressés. Les élus de proximité aussi, etc.

 

Il est peut-être beau de vouloir comme notre président « aller au contact ». Mais le Roi est bientôt nu, et la violence n’est pas loin. « Les dieux, dit René Char, ne meurent que d’être parmi nous. »

 

Finalement, entre la gifle et Mad Max, ou Orange mécanique, il y a seulement une différence de degré, et non de nature.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 24 juin 2021

 

D.R.

 

***

 

Ce texte est à paraître dans le journal Golias Hebdo. Il figurera dans une collection dont fait partie l'ouvrage suivant en tant que premier tome. On peut en feuilleter le début (Lire un extrait), et on peut l'acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD). Tous les livres de la collection sont aussi disponibles sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.

Petite philosophie de l'actualité
Théron, Michel
15,00Livre papier
Lire un extrait

DESCRIPTION

Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Souvent inspirés par l'actualité, ce qui les rend plus vivants, ils ont cependant un contenu intemporel, et se prêtent toujours à une réflexion philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).

 

***

 

Pour voir la liste de tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
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