> Cet article de 2013 est encore actuel, certains ayant fait ou voulant faire la même demande après les scandales sexuels qui ont affecté l'église catholique.
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omprenons par ce mot, attesté dans Le Robert, non qu’on veuille changer son nom de baptême, mais qu’on demande qu’il ne soit plus fait mention de son baptême dans les registres de l’Église.
C’est ce qu’un requérant a demandé au diocèse de Coutances dans la Manche. Il a obtenu en 2001 que soit inscrite dans le registre la mention : « A renié son baptême ». Mais depuis 2009 il demande de ne plus y apparaître du tout.
Le tribunal a donc demandé au diocèse le 30 octobre 2011 d’effacer toute mention de ce baptême, avec le motif suivant : « L’existence de ce baptême sur un registre accessible à des personnes tierces à l’individu concerné constitue en soi une divulgation de ce fait, qui porte par conséquent atteinte à la vie privée. »
Mais le diocèse refuse d’effectuer cette suppression, et vient de faire appel (source : AFP, 28/05/2013).
Cette réaction de l’Église ne me surprend pas. En effet le baptême est un sacrement indélébile, et en supprimer définitivement la mention reviendrait pour elle à admettre l’apostasie.
Mais aussi, cette position ne peut se réclamer de l’Évangile. On lit en effet en Marc 16/16 : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Autrement dit, le baptême doit suivre la croyance qui est plus importante que lui, et simplement la signifie, la manifeste. Tout seul, le baptême n’assure pas le salut. Et si la croyance vient à disparaître, ce qui est évidemment le cas pour notre demandeur, le baptême n’a plus de raison d’être. Pour qu’il soit délivré, il faut qu’il y ait une volonté expresse de l’impétrant.
C’est pourquoi certaines confessions chrétiennes refusent le baptême des enfants (pédobaptisme), car les enfants ne sont pas capables d’exprimer leur foi : infans en latin signifie littéralement « qui ne parle pas ». D’autres prônent le « rebaptisage » à l’âge adulte (anabaptisme). Ces positions, qui soulignent bien l’importance capitale de la croyance ou de la foi dans l’administration du baptême, sont plus évangéliques que celle de l’Église officielle.
La vérité est que pour elle le baptême est un sacrement pouvant opérer comme un processus magique, en lui-même efficace ou performatif, indépendamment des intentions de celui qui le reçoit. Depuis l’invention augustinienne du péché originel, qui n’a rien d’évangélique, il est nécessaire de l’administrer à quiconque naît, pour le laver de cette tache.
Mais derrière ces belles considérations, la raison est moins noble : le baptême dépend du bon vouloir de celui qui l’administre, qui peut s’il le veut le refuser. Tous les chantages ici sont possibles. Comme en bien des domaines, le motif secret de la chose est la sauvegarde d’un pouvoir.
[v. Évangélisation]
13 juin 2013
> Cet article est tiré du tome 1 de mes Chroniques religieuses :
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