Elle a des règles bien étranges, comme les situations auxquelles elle donne lieu. Ainsi entend-on d’une part qu’à cause du réchauffement climatique il convient d’adopter un mode de vie plus sobre, moins axé sur la consommation. Mais d’autre part que cette résolution, pourtant vertueuse, a l’inconvénient de peser sur la croissance économique et engendre un manque à gagner pour l’État, dont les finances sont impactées du fait de la diminution des taxes générées par la consommation (la TVA par exemple). L’État est donc amené à tenir aux citoyens un double langage : ils doivent à la fois moins consommer pour agir sur le climat, et plus consommer pour conforter l’économie. Ces injonctions contradictoires, ce grand écart, ont de quoi désorienter.
D’autant que la crise climatique a été causée par une économie dérégulée, qui au nom de la création toujours plus grande de richesses, avec une ambition infinie a mis en coupe réglée une planète dont les ressources sont finies, comme on le voit tragiquement aujourd’hui. Pourquoi se cramponner encore aux règles d’une économie de la croissance, qui n’est pas la solution du problème que nous connaissons, tout simplement parce qu’elle en est la cause ?
Mais beaucoup s’attachent encore aux vieux schémas et aux vieilles croyances. Aujourd’hui par exemple, comme la situation géopolitique a changé, certains spécialistes se demandent si l’investissement dans la défense et l’armement ne serait pas maintenant l’avenir de notre économie. Et de fait les industries de ce secteur croulent sous les commandes, et leurs valorisations en Bourse explosent. On se rattache à ce qu’on peut : les armes de mort peuvent remplacer l’atonie des consommateurs. Je gage qu’après toutes les destructions guerrières que nous voyons, ce seront les industriels du bâtiment qui se frotteront les mains pour les reconstructions. De toute façon casser donne du travail, et il faut bien que l’économie fonctionne...
Il est temps pourtant de mettre un frein à cette course au profit, à cette fuite en avant. D’introduire ici une morale et de mettre enfin l’homme au centre du système, et non pas des lois d’airain inflexibles sans rapport avec sa vie. Pensons au message désaliénant de tel prophète humaniste : « Le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat. » Ne devons-nous pas dire aussi : L’économie est faite pour l’homme et non pas l’homme pour l’économie ?
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