Une jeune Anglaise, Jane Park, gagnante en 2013, à 17 ans, d’une somme de 1,3 millions d’euros, vient de porter plainte 4 ans plus tard contre la loterie britannique pour ne pas avoir été suffisamment accompagnée dans l’usage qu’elle a fait de cette somme (Source : franceinfo, 19/02/2017).
Elle écume maintenant les plateaux de télévision pour dire que son quotidien est devenu un enfer depuis qu’elle a touché ce gain. Elle a dépensé sans compter : chaussures, sacs, voitures (alors qu’elle n’a pas le permis de conduire), et même chirurgie esthétique ! Aujourd’hui quasi ruinée, elle est retournée vivre chez sa mère dans la banlieue d’Édimbourg en Écosse. Elle poursuit donc la loterie en justice pour négligence et défaut d’avertissement et d’assistance. Le paradoxe de son action c’est qu’elle pourrait bien lui rapporter des dommages et intérêts, donc à nouveau de l’argent...
J’ai déjà soulevé dans mon article Infantilisation (Golias Hebdo, n°216), le cas de ce joueur de poker, qui se définissant lui-même comme accro à cette activité, a attaqué en justice notre gouvernement, en lui demandant un dédommagement de 100.000 euros, au motif qu’on ne lui a pas interdit l’accès aux salles et aux sites en ligne où se pratique ce jeu. Le cas de notre jeune Anglaise s’en rapproche beaucoup. Dans le fond, on se plaint toujours de n’avoir pas été traité comme un enfant à qui devaient être notifiées en chaque situation mises en garde et précautions à prendre.
Ce qui est préoccupant, par-delà le côté cocasse de la chose, c’est la vision de l’homme, très répandue aujourd’hui, qui y est impliquée : celle d’un être mou et influençable, incapable de juger par lui-même de ce qui est bon pour lui, c’est-à-dire immature et faible, modelé par le déterminisme des circonstances. D’où sa propension à se poser en victime de ce qui lui arrive, et non en adulte responsable. Cette vision maintient l’homme dans une éternelle enfance, et fait bon marché de ce qui me semble essentiel en lui, et constitutif de son humanité même : sa liberté.
Article paru dans Golias Hebdo, 2 mars 2017
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