La perspective de permettre aux femmes célibataires ou homosexuelles d’avoir un enfant par procréation médicalement assistée (PMA) pose un point de droit intéressant. En effet le droit des pays latins, influencé par le dogme du péché originel que nous devons à saint Augustin, postule que l’individu n’est pas tout-puissant, et qu’il est nécessaire parfois de le protéger contre lui-même. Ainsi on ne peut chez nous déshériter ses enfants, vendre les composants de son corps, etc. À l’inverse, dans les pays anglo-saxons, l’individu a toute liberté de contracter : comme si chez eux Pélage, partisan de la liberté individuelle, l’avait emporté sur Augustin.
Mais je serais assez partisan de la vision de ce dernier. S’agissant de la PMA généralisée, je trouve là une prétention exorbitante. Autrefois, lors d’une naissance, on disait : « Un enfant nous est donné », ou bien : « Dieu a béni notre union ». Maintenant on parle de « faire un enfant », et ce par tous moyens et dans toutes situations possibles. On voit bien ici l’hybris de l’homme occidental, qui n’accepte pas la soumission à la nature, et veut se substituer à elle. En l’occurrence, le moyen est possible. Mais ce qui est possible est-il toujours légitime ?
On ne sait pas trop où l’on s’engage en généralisant cette PMA, jusqu’ici réservée aux cas de stérilité pour les couples hétérosexuels. Évidemment les couples homosexuels masculins vont vouloir aussitôt l’égalité avec les couples féminins, et on aboutira à la gestation pour autrui (GPA), qui instrumentalise le corps des femmes, au rebours de ce que dit Kant par exemple, pour qui autrui ne doit jamais être traité comme un moyen, mais comme une fin.
Quant à l’idée avancée de « droit à l’enfant » pour tous, elle me semble folle. Nos enfants ne sont pas nos enfants, comme disait Gibran. Ils ne nous appartiennent pas. Il faut avoir pour eux le plus profond respect, nos devoirs sont unilatéraux à leur égard, car ils n’ont pas demandé à naître, et n’ont pas participé à un contrat quelconque. Qui s’occupera alors de leurs droits à eux ?
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