J’ai entendu au Journal de 13 H de France Inter, le 26/04/2021, le député LREM et vétérinaire Éric Dombreval s’exprimer sur la souffrance animale, à propos de son dernier livre Barbaries. Il a évoqué le cas de l’abattage rituel, qui consiste en judaïsme et en islam à faire mourir l’animal en le saignant totalement. À ce prix la viande qui en résulte est casher ou hallal (c’est-à-dire religieusement autorisée). Pour trouver un modus vivendi sur cette question, le député à suggéré au moins d’étourdir l’animal immédiatement après l'égorgement.
Un précepte essentiel du judaïsme sur cette question se trouve en Deutéronome 11/23 : « Garde-toi seulement de manger le sang, car le sang, c’est l’âme, et tu ne dois pas manger l’âme avec la chair. » Mais rien dans ce verset n’est dit sur l’obligation de tuer l’animal en le maintenant conscient. Pour la justifier, certains disent qu’il faut que l’animal soit conscient pour qu’il puisse se vider totalement de son sang. Et ils disent que c’est lui faire honneur en procédant ainsi à son sacrifice : « Ainsi, ritualiser la mort des animaux est un moyen de limiter leur souffrance et, par conséquent, d’honorer le vivant. » (Source : Alimentarium.org – Article : shehita)
Ce raisonnement me semble trop abstrait, oublieux de la situation, et contrevenir aux Droits de l’animal, être vivant doté de sensibilité et ayant droit à l’anesthésie avant d’être abattu.
En général, malgré l’ingéniosité intellectuelle déployée par certains pour le justifier, le ritualisme peut être une sclérose ou une ossification de la pensée. Il faut alors s’en déprendre, si on veut progresser dans la conscience qu’on a de soi et de la vie.
De ce point de vue, et par rapport à l’exemple alimentaire ci-dessus, il n’est pas plus grand anti-ritualiste que le Jésus de l’Évangile : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. » (Matthieu 15/11). On peut généraliser en dépassant les prescriptions alimentaires, comme chez Marc : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui rend l’homme impur. » (7/20) Qui ne voit qu’on peut tuer quelqu’un par un mot, un regard, un geste, une attitude, etc. – bref par tout ce qui émane de nous ? Combien insuffisantes sont les prescriptions rituelles, quand ce qui compte est ce qui sort du cœur ! Comme dit Augustin : « Aime, et fais ce que tu veux. – Dilige, et quod vis fac. »
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Ce texte est à paraître dans le journal Golias Hebdo. Il figurera dans une collection dont fait partie l'ouvrage suivant en tant que premier tome. On peut en feuilleter le début (Lire un extrait), et on peut l'acheter sur le site de l'éditeur (Vers la librairie BoD). Le livre est aussi disponible sur commande en librairie, ou sur les sites de vente en ligne.

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Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Souvent inspirés par l'actualité, ce qui les rend plus vivants, ils ont cependant un contenu intemporel, et se prêtent toujours à une réflexion philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
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