Une nouvelle traduction du missel romain est parue depuis l’entrée en Avent. Concernant le Fils de Dieu, elle remplace dans le Credo de Nicée la formule « de même nature que le Père », par : « consubstantiel au Père », calquée effectivement sur la version latine du même Credo. J’ai montré dans mon livre consacré au Credo (Les Mystères du Credo – Un christianisme pluriel, éd. BoD, 2018) qu’en effet et en toute rigueur « de même substance » ne signifie pas « de même nature ». Mon voisin par exemple est de même nature que moi, un homme, mais il n’est pas de même substance. C’est pour éviter l’accusation de pluralité séparée des personnes dans l’affirmation de la Trinité, de polythéisme finalement, qu’on a choisi la communauté de substance (consubstantialité), et non la communauté de nature (connaturalité).
Cependant ce dogme ne m’a intéressé d’un point de vue historique et intellectuel, et je m’étonne qu’on fasse aujourd’hui encore si grand cas de cette nouvelle traduction, au point de dire qu’elle met fin à une hérésie ou à un schisme (la traduction par « nature » serait gallicane), et qu’on se félicite d’un retour à une rigueur doctrinale depuis longtemps souhaitée (Source : france-catholique.fr, 26/11/2021).
Il me semble que l’Église a beaucoup d’autres choses à s’occuper, dont le scandale de la pédophilie en son sein, ou encore la compassion due aux migrants, etc., sans qu’il faille exhumer ces vieilles querelles qu’on peut voir comme purement verbales. Augustin lui-même, dans son traité sur la Trinité, a avoué à propos des trois personnes trinitaires en communauté de substance (hypostases) : « On a dit trois personnes, non pas pour dire quelque chose, mais pour ne pas demeurer muet. (Dictum est tres personæ, non ut aliquid diceretur, sed ne taceretur). »
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À mon avis ce qu’il en fut du personnage de Jésus ou ce qu’on doit penser de son statut, comment il faut le considérer, l’appeler, etc., n’est pas ce qui compte. L’important est sa voix telle qu’elle nous est parvenue, et avec elle la conduite de vie, l’orthopraxie qu’il a prêchée : « Pourquoi dites-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6/46)
La théologie même devrait distinguer les questions essentielles de celles qui sont accessoires et parfois aussi simples souffles de voix (flatus vocis), sous peine de vérifier la définition que Borges en donnait : « Une branche de la littérature fantastique. »
Voir aussi :
Orthopraxie (1) - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
C'est simplement le fait d'agir comme on doit agir. J'ai pensé à cela en apprenant qu'une pasteure de l'Église unie du Canada, Gretta Vosper, âgée de 57 ans, ordonnée en 1993, se bat pour res...
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