Un chirurgien orthopédiste de l’Association publique des Hôpitaux de Paris a mis en vente, sur un site d’enchères, la radio d’une survivante des attentats du Bataclan. Sur la photo de l’objet, publiée sur le site, on peut voir une balle de kalachnikov ayant transpercé l’avant-bras et toujours présente dans le membre. Prix de départ du produit : 2776,70 dollars. Ce professionnel n’a demandé aucune autorisation pour publier cette radio, ni auprès de l’AP-HP ni auprès de la patiente sur laquelle celle-ci a été pratiquée. L’administration de l’AP-HP va, sans délai, saisir l’ordre des médecins (Source : TF1info.fr, 23/01/2022)
On fait donc argent de tout, et on ne s’occupe pas de scrupules moraux. On n’hésite pas à montrer un membre martyrisé, à l’insu de son propriétaire, et au mépris du respect élémentaire dû aux victimes : à faire tout cela on ne voit pas d’abjection.
Je sais bien que cette détestable soif de l’or (auri sacra fames) a toujours existé. Je pense à la réponse que l’empereur Vespasien, créateur des latrines qui portent son nom, fit à son fils Titus qui lui reprochait d’avoir instauré un impôt sur l’urine : « L’argent n’a pas d’odeur » (pecunia non olet). Mais enfin dans le cas présent il s’agit d’un médecin qui a priori n’a pas, comme d’autres, besoin d’argent. En outre il a ruiné la confiance dont il doit bénéficier naturellement du fait de sa fonction. Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, a bien souligné : « Cet acte est contraire à la déontologie, met en cause le secret médical, va à l’encontre des valeurs de l’AP-HP et du service public. »
Manquant à son devoir d’exemplarité, ce professionnel a fragilisé la foi qu’on doit accorder à la fois à un médecin et à l’Institution qu’il représente. Dans nos vies en effet et dans toute société on ne vit qu’à crédit : en faisant confiance. Si cette dernière vient à s’effondrer, tout l’édifice risque de faire de même. C’est donc me semble-t-il à une grande crise sociale que nous assistons. Les valeurs les plus naturelles sont oubliées ou piétinées. Quelle image de l’homme se fait-on aujourd’hui ? Jusqu’où ne descendrai-je pas ?
A-t-il oublié le serment d’Hippocrate, ce médecin avide d’argent ? Peut-il vraiment se regarder dans une glace ? Se demander ce qu’il est devenu ? Il pourrait méditer la belle phrase évangélique : « Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Luc 9/25)
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