J’ai regardé l’émission Femmes prêtres : Vocations interdites, diffusée sur Arte en fin de soirée, le 12 avril dernier. A cette occasion beaucoup de revendications féministes, anti-patriarcales que j’ai entendues, sympathiques au demeurant, ne m’ont pas paru toucher l’essentiel de la question, qui tient à mon avis à la fonction spécifique du prêtre dans l’Église catholique. Il est la figure d’un sacrificateur, et c’est pourquoi je doute, sauf à supprimer cette figure, que cette fonction puisse être incarnée par une femme.
On sait que la Messe, élément central de la construction catholique, a deux phases. D’abord la liturgie de la Parole, où il s’agit de méditer sur un héritage textuel transmis. Les femmes peuvent parfaitement transmettre cet enseignement, qui n’est pas genré – comme cela se passe chez les pasteurs protestants ou les rabbins juifs. Mais ensuite, à partir de l’Offertoire, il s’agit de réitérer en le mettant en scène le sacrifice du Christ, et c’est ce rôle qui est dévolu au prêtre, incarnant par exemple la figure du Grand Prêtre Melchisédech. Tous les éléments du scénario sacrificiel sont réunis : l’Offertoire est l’offrande de la victime expiatoire, l’autel en est le lieu et le support, et la prière d’invocation (l’épiclèse) a pour but de la rendre propice pour les assistants.
Eh bien, il me semble que ce rôle ne peut pas être tenu par une femme. Cette dernière transmet la vie, elle ne l’ôte pas. Dans les campagnes, traditionnellement, c’est l’homme qui sacrifie, la femme se contente de recueillir le sang. En Corse aussi, lorsqu’une femme veut pratiquer la vendetta, elle se déguise en homme. Et on sait, les statistiques criminelles le montrent, que les hommes qui tuent en versent le sang sont infiniment plus nombreux que les femmes.
Cette répartition fonctionnelle explique il me semble le refus de l’Église d’ordonner prêtres les femmes. Mais je ne comprends pas pourquoi elles se cramponnent encore à cette revendication. Car est-il encore désirable d’incarner un rôle qui à y bien réfléchir n’est pas très reluisant ? Dans ce théâtre sanglant, on implore un dieu potentiellement courroucé qu’il faut apaiser (placare, dit le Canon romain), seule une effusion de sang procurant le pardon, selon l’Épître aux Hébreux (9/22). N’y a-t-il pas une meilleure ambition, plus humaine, plus empathique, plus féminine au fond, que celle de se prêter à ce rituel sanglant ?
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