J’ai entendu au Journal de 13 H de France Inter, le 17 février dernier, un groupe de jeunes lycéens s’exprimer sur la future élection présidentielle. J’ai été frappé de la maturité et de la pertinence qui se dégageaient de leurs propos.
S’agissant d’avancer le droit de vote à 16 ans, proposition de plusieurs candidats de gauche, la grande majorité des intervenants était contre, au motif que les jeunes de cet âge n’avaient ni la maturité ni l’expérience suffisantes pour se décider en cette matière. Eux-mêmes doutaient d’ailleurs qu’ils puissent être dans ce cas. Au surplus, ont-ils fait remarquer, cela entraînerait fatalement de la part des politiques une communication encore plus infantile pour s’adresser à cet âge, et le niveau général du débat n’en sortirait pas grandi. J’ai trouvé ces remarques d’une grande lucidité.
Concernant les propositions d’octroyer sans contrepartie une somme d’argent à tous les jeunes venant d’accéder à la majorité, ils ont très justement fait remarquer qu’il s’agissait là simplement d’« acheter les jeunes ». Ils ont bien percé à jour ce qu’il y a dans une telle mesure : on distribue un petit capital, mais ensuite on se tient quitte de toute autre chose, comme de l’aide efficace pour trouver un emploi. Ce dernier engage toute la vie future, tandis que le pécule peut être très vite évanoui. Pour certains qui en feront bon usage, d’autres la gaspilleront pour leurs loisirs : cette remarque intelligente a bien été faite par un intervenant.
Cela me fait penser aux caisses noires de certains employeurs, qui sont destinées à être versées aux syndicats pour, doux euphémisme, « fluidifier les relations sociales ». En fait, pour acheter la paix sociale.
Un proverbe dit bien : « Si on donne à quelqu’un un poisson, on le nourrit pour un jour. Si on lui apprend à pêcher, on le nourrit pour toute la vie. » On voit bien là les limites de la charité d’un jour. Elle ne doit pas dispenser de la justice de toujours.
Il me semble que l’octroi d’un pécule doit respecter la dignité de celui qui le reçoit. La jeunesse ne demande pas un cadeau, quel qu’en soit le montant, mais une aide efficace pour trouver un travail. De ce point de vue, il n’y a aucun inconvénient à ce que cet octroi se fasse sous condition.
Merci à ces jeunes gens et filles, qui ont percé à jour ici la démagogie. La jeunesse attire les démagogues comme le miel attire les mouches.
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