Pour faire réfléchir en vue de la prochaine élection présidentielle, je reproduis ci-après un article déjà paru dans Golias Hebdo (22/12/2018) :
On parle beaucoup actuellement, à propos du mouvement des gilets jaunes, de la possibilité constitutionnelle d’instaurer un référendum d’initiative citoyenne (RIC). Au risque de mécontenter mes lecteurs, je dirai que cette mesure, si elle est adoptée, me semble extrêmement dangereuse.
À part certaines questions très locales et purement techniques où cette possibilité pourrait être une bonne chose, à l’image de la pratique suisse des votations, il n’en est pas de même pour les grandes questions, dont beaucoup ont des enjeux moraux importants. Il est évident que si on faisait un référendum pour le rétablissement de la peine de mort, ou pour l’expulsion immédiate des immigrés, la réponse serait oui. La foule réagit par impulsion immédiate, sans s’occuper de réfléchir. Elle préférera toujours Barabbas à Jésus.
Il suffit de voir le déluge d’opinions non réfléchies qui se répand sur Internet via ces réseaux sociaux qui ont été à l’origine du mouvement des gilets jaunes. Pour une opinion sensée, combien d’absurdes et de dangereuses ! Agressivité et haine s’y donnent libre cours. Certains même parlent de référendum « révocatoire », qui consisterait à écarter tel ou tel représentant qui ne donnerait pas satisfaction. Mais on pense là aux tribunaux populaires, avec tous leurs excès, que l’on a connus lors de la Révolution française, ou avec le totalitarisme soviétique.
Au vu d’ailleurs de la complexité des choses, comment penser qu’une réponse satisfaisante à une question peut être simplement un oui ou un non ? En réalité, le référendum a toujours l’aspect d’un plébiscite : il s’agit de savoir si l’on suit ou non une personne, celle qui pose la question. La porte est ouverte au césarisme : il suffit de voir comment Mussolini et Hitler ont pu jouer du recours immédiat au peuple, en court-circuitant tous les corps intermédiaires et toutes les instances représentatives pour conquérir le pouvoir. L’axiome Vox populi vox Dei (La voix du peuple est la voix de Dieu) qui sous-tend tous les populismes, peut mener aux pires résultats, comme à ceux que nous prédisent les sondages pour les prochaines élections.
Golias Hebdo (22/12/2018)
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