À Rome le cardinal Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a critiqué le Synode qui vient de se terminer en y voyant une protestantification de l’Église. (Source : tribunechrétienne.com, 01/11/2023)
Il reproche au Synode d’avoir admis en son sein des laïcs, donc d’avoir ouvert la porte à la désacralisation. Il n’a pas du Synode une vision démocratique, mais une vision collégiale, réunissant les évêques autour du pape, c’est-à-dire les seuls clercs ordonnés, les seuls dépositaires des sacrements.
Cette attitude est donc cléricale. Elle exclut le vulgum pecus de l’assemblée décisionnaire, comme cela s’est fait, dit le cardinal, dans les premiers temps du christianisme. Il critique la pensée relativiste d’aujourd’hui, comme Benoît XVI l’a fait avant lui. Quant au pouvoir sacramentel, il affirme qu’il est d’origine divine, puisqu’il a été donné aux apôtres, donc aux clercs leurs descendants, par Jésus lui-même. Pour lui l’Église est fondamentalement une théocratie, dont les clercs et la hiérarchie doivent être les seuls gestionnaires. On comprend qu’il ne puisse accepter l’idée de Luther du sacerdoce universel, selon lequel tout homme baptisé est prêtre : idée il est vrai essentiellement démocratique.
À cela on peut faire deux objections. D’abord l’attestation évangélique du pouvoir clérical de remettre les péchés (v. Jean 20/23), qui n’est pas présente dans tous les textes, n’est peut-être pas due à Jésus lui-même, mais a pu être écrite précisément pour garantir et justifier ce pouvoir. Ensuite et plus essentiellement l’idée que le prêtre doit être considérée comme une personne sacrée, puisque dispensateur des sacrements où il officie in persona Christi (« dans la personne du Christ »), est très dangereuse.
Par exemple elle a servi à protéger son immunité dans les cas de pédophilie. Beaucoup de familles, prisonnières de la projection respectueuse qu’elles faisaient sur des prêtres abuseurs, n’ont pas osé les dénoncer. On voit où peut mener l’idée de sacré, d’un domaine radicalement séparé du monde ordinaire, intouchable et respectable yeux fermés.
Il convient donc à mon avis de l’abandonner, comme l’ont fait les protestants, car elle peut alimenter les pires des manipulations. À commencer par l’infantilisation des fidèles, comme le disait Voltaire : « Nos prêtres ne sont point ce qu’un vain peuple pense / Notre crédulité fait toute leur science. »
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