Elle est source souvent de découragement dans l’Histoire, dont on dit alors qu’elle bégaie, alors qu’on attendrait qu’elle progresse par une amélioration des choses, en tenant compte des erreurs passées. On en a un exemple navrant aujourd’hui.
Ce que connait Israël est la stricte répétition de ce qui s’est produit il y a plus de vingt ans aux États-Unis, avec le bombardement des tours jumelles de New-York. D’abord la sidération devant l’incompréhensible, puis la colère irrépressible vouant aux gémonies un « Axe du Mal », avec le désir de s’en venger définitivement. Et aussi par tous moyens : on n’a pas hésité à recourir pour ce faire à de fausses preuves sur de soi-disant armes de destruction massives de l’ennemi. La riposte aveugle s’est produite, sans aucun égard à ce qu’elle pouvait engendrer. On n’a pas consulté les spécialistes du terrain, qui auraient pu donner de prudents avis, par exemple sur la naïveté qu’il y a à vouloir imposer la démocratie dans un pays qui n’y est pas préparé. Et ainsi, comme la suite l’a montré, le Proche-Orient a sombré pour longtemps dans le chaos.
La situation y semble la même aujourd’hui. Malgré l’avis du président états-unien qui lui a rappelé l’erreur passée de son pays (ce qui est fort rare et l’honore), le premier ministre israélien ne fait que céder à un désir effréné de vengeance, une volonté d’extermination de l’adversaire, sans se demander à quoi cette fuite en avant peut aboutir. On ne sait certes pas encore exactement ce qui en résultera, mais on conviendra que l’exemple états-unien passé n’est pas de bon augure.
Il semble que toujours dans l’Histoire les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le résultat est une morne et tragique répétition. L’Ecclésiaste l’avait déjà dit : « Rien n’est nouveau sous le soleil ». Et aussi Lucrèce : « Toutes choses sont toujours pareilles – Eadem sunt omnia semper ». Face à cette pessimiste constatation, pouvons-nous formuler l’espérance qu’elle soit démentie un jour ? Qu'il y ait par exemple une solution politique à cette question ? L'Espérance humaine est en tout cas si folle et illogique que, selon Péguy, elle surprend Dieu lui-même. Mais n’est-ce pas la seule possibilité qui reste, au moins à certains, face à l’absurdité de l’universel recommencement ? Le contraire d’une certitude, simplement un vœu, encore inséparable d’un fond de lucidité. Qu’un jour vienne enfin où comme dit l’Apocalypse : « Voici, je fais toutes choses nouvelles. » (21/5)
commenter cet article …