Mary McAleese, ancienne présidente irlandaise d’un groupe qui se veut réformateur de l’Église catholique a déclaré, en marge du dernier synode, que le baptême des bébés viole les droits de l’homme (Source : tribunechrétienne.com, 09/10/2023)
C’est un fait que le baptême des enfants, ou pédobaptisme, peut être vu comme un geste intrusif sur des êtres sans défense, qui ne l’ont jamais demandé et de toute façon ne peuvent en comprendre le sens. Maintenant le dommage de quelques gouttes d’eau versées sur la tête du bébé ne me semble pas si grave, moins en tout cas que la circoncision irréversible des petits enfants en judaïsme, ou celle qu'on peut faire plus tard en islam, et qu’on peut voir comme une mutilation.
Pourquoi l’Église catholique a-t-elle instauré le pédobaptisme ? La raison tient sans doute à l’érection en dogme du péché originel, dû à Augustin, pour qui l’humanité toute entière est une masse de condamnés (massa damnata). L’enfant nouveau-né est déjà souillé d’une « tache originelle », dont le baptême le délivre.
On comprend que certaines églises aient pris leurs distances avec le pessimisme augustinien, et pratiquent soit le baptême des seuls adultes, soit le rebaptisage (anabaptisme). Dans ces cas l’important est que celui qui reçoit le baptême soit conscient ce qu’il fait, et demandeur de la chose.
Mais pour l’Église catholique le sacrement se suffit à lui-même, constitue en soi un rituel magique de délivrance, aussi irréversible et indélébile que la tache qu’il est censé effacer. On ne peut en effet se faire débaptiser, se faire rayer des registres ecclésiaux, comme notification en a été faire à ceux qui l’ont tenté. Ce serait admettre l’apostasie, ce à quoi l’Église se refuse. Y a-t-il dans ce refus une vraie atteinte possible aux « droits de l’homme » ? Cela dépend évidemment de l’importance qu’on lui donne.
En tout cas on peut faire au pédobaptisme la critique de sacraliser le rite et de s’en contenter, au risque d’infantiliser les fidèles, comme il se voit chaque fois qu’on a d’un sacrement une conception magique. Le vrai baptême mature suppose en préalable la foi de l’impétrant, et ne fait que la manifester. S’il n’y a pas cette foi, il est sans substance. C’est ce que dit bien l’Évangile : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16/16)
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