Voir des démons est effrayant, et on ne le souhaiterait à personne. Pourtant c’est ce qui est arrivé à un états-unien de 59 ans. Un beau matin, il s’est réveillé dans la terreur : il ne voyait plus les humains de la même façon. Oreilles, nez et bouche étirés, rides sur le front, les joues et le menton… Les visages qu’il voyait autour de lui étaient totalement déformés ! (source : sudinfo.be, 22/03/2024)
En réalité, d’après la revue scientifique The Lancet, il souffrait de ce que l’on appelle la prosopométamorphopsie, ou PMO. C’est un trouble de la perception neurologique qui provoque une distorsion du profil, de la taille, de la texture ou de la couleur des visages des gens rencontrés. On ne connaît pas encore totalement les causes de cette maladie. On soupçonne néanmoins un dysfonctionnement du réseau cérébral qui traite les expressions faciales créé par un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral, une épilepsie ou encore une migraine.
On imagine sans peine quel aurait été le destin de cet homme autrefois. L’entendant évoquer ainsi ses visions, on aurait conclu à une vraie emprise démoniaque, et on aurait fait venir un exorciste pour délivrer l’énergumène (le possédé). Pire encore, on aurait pu l’inculper en sorcellerie, le condamner au bûcher et l’envoyer voir ses démons au sein du brasier. À cette époque, on prenait pour argent comptant les très nombreux cas de possession diabolique racontés dans les épisodes évangéliques. Leur signification symbolique possible ne venait pas spontanément aux esprits.
Elle s’impose heureusement aujourd’hui pour la majorité des fidèles, exception faite bien sûr pour quelques intégristes nostalgiques du temps passé. La médecine a remplacé les anciens Inquisiteurs, et permet de voir les anomalies fonctionnelles comme des symptômes de lésions organiques, même si tout n’y est pas encore complètement éclairci, et si les remèdes ne sont pas toujours encore disponibles. L’humanité en tout cas a bien gagné à ce changement.
Il reste que tous les troubles qui peuvent nous affecter un jour ou l’autre ont de quoi effrayer. Qui nous dit que nous ne sommes pas susceptibles de voir des visages partout (par pareidolie) ? Ou bien inversement de ne plus reconnaître les visages, même les plus familiers (par prosopagnosie) ? Nos démons ne seront-ils toujours pour nous qu’une pathologie simplement humaine, une façon de voir ?
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