Un exemple criant en est le cas de l’automobiliste qui a volontairement écrasé un cycliste, dernièrement à Paris. Ce conducteur de SUV n’a pas supporté qu’ait été endommagée la carrosserie de sa voiture, avec laquelle sans doute il faisait corps, qui était un prolongement de lui-même. Cette identification, propre aux hommes il me semble, est une vraie folie, surtout quand on voit à quoi elle conduit.
Il y a de plus en plus dans les grandes villes des altercations entre automobilistes et cyclistes. Les premiers ne se sont pas consolés de la fin du « tout voiture » à quoi ils étaient habitués depuis les « trente glorieuses ». Aujourd’hui ils ont du mal à partager l’espace urbain. Pourtant qui nierait que le vélo permet de lutter contre la catastrophe écologique qui est déjà là, à laquelle contribue grandement déjà la voiture, et encore plus le SUV (Sans Utilité Véritable) ?
Ces conflits au sein des villes contredisent totalement l’« urbanité » qu’étymologiquement on s’attendrait à y trouver. L’espace civilisé que traditionnellement la ville incarne cède la place à l’ensauvagement.
En général en effet je suis frappé aujourd’hui par l’affaissement de la maîtrise des pulsions, la tyrannie des affects, la fin du Surmoi de chacun. Voyez le spectacle affligeant que donnent nos députés à la Chambre. L’agressivité y règne sans partage. Les insultes fusent, les noms d’oiseaux volent. La discussion n’existe pas, on ne s’écoute pas, on ne s’occupe qu’à porter des coups. C’est un pugilat verbal, dont on sent bien qu’il suffirait de peu pour qu’il se transforme en pugilat tout court.
Il suffit de voir aussi à quel déluge d’insultes se réduit, de la part du candidat populiste, l’actuelle campagne électorale états-unienne. Il évite tout débat rationnel. De toute façon ce n’est pas ce qui lui importe. Il ne cherche, comme un boxeur, qu’à mettre KO l’adversaire. Et cette « tactique » est efficace, puisqu’il met de son côté ceux qui comme lui partagent le même ressentiment anti-intellectualiste. Je ne comprends pas pourquoi on peut rester sans réaction, ne pas s’insurger devant son comportement.
On assiste aujourd’hui à la fin des « formes », si nécessaires pourtant selon Montesquieu dans la vie publique. Mais où va-t-on quand on sacrifie la politesse la plus élémentaire ? Une maille rompue emporte tout l’ouvrage, et sur les ruines de la civilité pointe la guerre civile.
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