On l’a crue solidement implantée dans notre pays, mais on nous apprend qu’elle ne fait plus l’unanimité chez les Français, selon ce que dit, sondage à l’appui, le rapport annuel du Conseil économique, social et environnemental (CESE). (Source : leparisien.fr, 22/10/2024)
Un Français sur deux (51 %) juge que « seul un pouvoir fort » peut garantir l’ordre et la sécurité. 23 % d’entre eux pensent que la démocratie n’est pas le meilleur système politique existant. Et la proportion monte à 31 % si l’on considère les jeunes (moins de 35 ans).
Ce constat alarmant a de quoi faire réfléchir sur l’extrême fragilité d’un système politique qui nous semble sinon le meilleur possible, du moins le moins mauvais, qui sous-tend toutes nos valeurs occidentales, et que nous pensons pouvoir légitimement proposer au monde entier.
Comment en est-on arrivé là ? La démocratie, comme Montesquieu l’a bien montré, repose sur ce qu’il appelle la « vertu », nous dirions aujourd’hui le civisme, le sens de l’intérêt commun, qui doit passer avant tous les intérêts particuliers. Et elle se corrompt quand le bien public est oublié au profit des intérêts de chacun. Par exemple l’affligeant spectacle que donnent nos politiques, plus occupés d’intérêts et de carrière personnels que du bien commun, est pour beaucoup, je pense, pour la désaffection de la démocratie. Le recours à un « pouvoir fort », que demande la moitié des sondés, s’explique sans doute par la lassitude causée par leur barnum. Notre situation ressemble assez à celle de l’entre deux guerres au siècle dernier, où divers mouvements fascisants se sont nourris du discrédit de la classe politique.
Et cette situation affecte la planète entière, où on serait bien en peine de trouver, à part quelques petites exceptions, une vraie démocratie. L’autocratie y domine, y compris dans ce qui risque d’arriver aux USA avec l’élection du candidat populiste, qui selon John Kelly (ex chef de cabinet de Trump de 2017 à 2019), relayé par Kamala Harris, a tout d’un « fasciste », voulant par exemple se débarrasser des « ennemis intérieurs » en utilisant l’armée. (courrierinternational.com, 24/10/2024)
La démocratie véritable suppose la liberté des citoyens. Existe-t-elle encore, non seulement dans les pays autocratiques, mais encore dans ces simulacres que sont les démocraties purement formelles, dites « illibérales » ? L’imposture est de s’en réclamer encore, quand elle n’existe plus.
commenter cet article …