Je viens de lire dans l’hebdomadaire La Gazette de Montpellier, journal ordinairement sérieux, l’article suivant, sous le titre Facs – 4% des étudiants se prostitueraient : « 4% des étudiants ont déjà accepté des relations sexuelles contre de l’argent ou des cadeaux. C’est la conclusion d’une étude menée par l’Amicale du Nid, le Crous et l’université Paul-Valéry. Parmi les 1800 répondants, tous étudiants à la fac de lettres, 22 hommes et 37 femmes ont ainsi vécu cette situation. Plus étonnant : plus de la moitié des étudiants interrogés estiment que cela peut être un moyen de s’en sortir. » (n°1363-1365, du 31/07 au 20/08 2014, p.13)
Cet article conforte ce que j’ai déjà dit dans mon billet Prostitution (initialement paru dans le n°312 de Golias Hebdo), lorsque je me suis élevé contre une proposition de loi qui prévoyait, pour éradiquer la prostitution, de pénaliser le client. Ce texte liberticide émanait à l’évidence d’un lobby féministe moralisateur, qui pouvait voir dans la prostitution, selon le titre de la chanson de Brassens, une « concurrence déloyale ». Mais évidemment il se drapait dans de hautes considérations éthiques, selon lesquelles il est déshonorant de vendre son corps – comme si quotidiennement le travailleur salarié exploité ne vendait pas lui aussi une partie de son être intime, gaspillée sans retour ! De toute façon, la réaction susdite de ce « plus de la moitié des étudiants interrogés », qui dans la prostitution ne voit ni objection ni abjection, fait justice de l’argument moral.
Notre société est victime de ce que Nietzsche appelait la « moraline », c’est-à-dire un souci de tout justifier moralement, pouvant mener à une censure systématique de toute conduite jugée condamnable, au mépris des libertés élémentaires de l’individu. D’où la judiciarisation systématique des conduites à laquelle on assiste aujourd’hui, qui pèche par son traitement simpliste de questions autrement plus compliquées. S’agissant de la prostitution, on peut évidemment la déplorer, mais non a priori la condamner si elle est volontaire, et met face à face des adultes consentants. Un axiome juridique est d’ailleurs : Volenti non fit injuria – « Envers qui consent, pas d’injustice ». Dans le cas contraire, et s’il y a contrainte, il suffirait de poursuivre les proxénètes, dont une grande partie d’ailleurs est faite de femmes, n’en déplaise à notre lobby socialo-féministe !
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