On accueille très favorablement, en général, la dernière encyclique du pape François consacrée à la nécessaire préservation de la planète. Qui ne serait d’accord avec ses analyses ? Le pape retrouve l’intention d’un François d’Assise, partisan d’une vie pauvre, dans la ligne de l’Évangile. Il est certain que le passage sur les lys des champs et les oiseaux du ciel (Matthieu 6/25-32) prône une dépossession et un lâcher-prise, qui rencontrent les préoccupations actuelles de l’écologie, dans son appel à une décroissance, pour ne pas dégrader la biosphère.
Je ferai cependant quelques remarques. D’abord le passage précité est en contradiction flagrante avec l’injonction que l’on trouve au début de la Genèse, selon laquelle il faut « soumettre la terre » (1/28). C’est la preuve que cette même Bible où s’abreuvent les chrétiens peut autoriser les attitudes les plus contraires.
Ensuite l’Église a bien canonisé le petit pauvre d’Assise, mais a longtemps accompagné le choix occidental pour le capitalisme, celui du père même de François qui était marchand de drap. En sorte qu’on a pu voir cette canonisation comme un désamorçage du message. Comme il y a des promotions-canapé, il y a des promotions-placard, et on a bien souvent appliqué le principe : Promoveatur ut amoveatur (Qu’il soit promu pourvu qu’on s’en débarrasse !). Ou encore le mot de Caracalla consentant à l’apothéose de son frère Geta, qu’il avait pourtant poignardé de sa main : Sit divus dum non sit vivus (Qu’on le divinise pourvu qu’il ne soit plus vivant !).
Cependant, pour réhabiliter le franciscanisme, on dira que mieux vaut tard que jamais. Reste alors une objection essentielle à la position papale. La planète ayant des ressources limitées, comme l’ont bien vu autrefois Malthus et il y a peu René Dumont, une régulation des naissances est nécessaire. Que dit le pape relativement à cela ? Les questions de la contraception, et aussi de l’avortement, restent pendantes. Tant que l’Église, fidèle là encore au « Croissez et multipliez » du passage précité de la Genèse, ne se prononcera pas sur les questions démographiques, sa contribution à l’écologie ne sera pas complète.
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