Sciences Po Paris vient de lancer le « Hijab Day », littéralement une journée du voile. Objectif : sensibiliser au port du voile, et « démystifier le tissu ». Les étudiants sont invités à « se couvrir les cheveux d’un voile le temps d’une journée ». Les organisateurs expliquent : « Il y a autant de voiles que de femmes. C’est la personne qui le porte qui donne une signification à son vêtement, et elle est la seule légitime à le faire » (Source : lepoint.fr, 19/04/2016).
Je ne pense pas quant à moi que chacun soit libre de donner la signification qu’il veut à toute tenue vestimentaire. Certaines sont très codées, et véhiculent des symboles forts. Si je me promène dans la rue en arborant une grande croix imprimée sur mon T shirt, on pensera systématiquement à la tenue des Croisés médiévaux. Et que dire s’il s’agit d’une croix gammée ? Je ne suis pas libre de m’habiller comme je veux, car je vis dans une société qui a ses propres valeurs, auxquelles je dois me plier pour que la vie en commun soit vivable. Pour ce qui est de la vie privée, évidemment, je peux porter chez moi ce que je veux.
L’initiative part d’un bon sentiment : ne pas stigmatiser une communauté. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. La signification objective du voile est la soumission de la femme. Que certaines s’en accommodent, ou même la revendiquent, est leur affaire. Mais reste que cette idée est condamnée par notre culture, qui affirme l’égalité absolue des sexes.
Au reste, et plus trivialement, on pourrait dire qu’il ne s’agit ici que d’une question de politesse. Lorsqu’une femme politique occidentale se rend dans un pays où les femmes sont voilées, elle se voile elle-même pour ne pas choquer. On peut donc attendre que fassent la même chose les femmes musulmanes appelées à jouer un rôle dans l’espace public occidental. Je suis heureux de lire la même chose sous la plume d’Abdennour Bidar: « L’islam doit accepter les limitations à son expression publique en Occident » (Source : quebec.huffingtonpost.ca, 09/11/2015) On peut donc bien s’entendre là-dessus, à quelque culture qu’on appartienne soi-même.
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