Un ancien article
Auri sacra fames !, dit l’expression latine empruntée à Virgile, et passée en proverbe : « Maudite est la faim de l’or ! ». On veut toujours de l’argent, et toujours plus. Un exemple significatif nous en vient du Royaume-Uni. En 2011, un couple de Britanniques a remporté le gros lot (110 millions d’euros) à l’Euro Millions. Ils ont décidé de donner 1,8 millions d’euros à leur fils. Mais ce dernier a jugé que ce n’était pas suffisant, et a décidé de les attaquer en justice, estimant qu’ils devaient le « financer » tout au long de sa vie. L’affaire vient maintenant d’être jugée, et la décision finale lui a donné tort. Le magistrat a estimé que le fils plaignant « avait les fonds nécessaires pour avoir une vie confortable ». Ce dernier a rétorqué que son père lui avait promis de « toujours le prendre en charge », un argument que n’a pas retenu le juge, qui ne lui a pas accordé de fonds supplémentaires (Source : leparisien.fr, 19/05/2017).
De tels chiffres sont évidemment abyssaux, et insultent à la vie du commun des mortels. Mais au-delà de ce fait, ce qui est remarquable est l’acharnement où peut conduire la cupidité. Il semble qu’il n’y ait là aucune limite infranchissable, et qu’on puisse s’attendre à tout. Les liens familiaux, les attachements affectifs élémentaires ne comptent pour rien quand il s’agit d’argent, et la vision idyllique qu’on peut en avoir est bien démentie par la réalité quotidienne. Bien oubliées sont les phrases évangéliques disant qu’on ne peut servir Dieu et Mammon, et qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux. Bien oubliée aussi est la mésaventure de Midas, qui obtint que tout ce qu’il touchait fût changé en or : le résultat fut qu’il ne put ingérer aucun aliment, et donc fut en danger de mourir de faim, car l’or ne se mange pas.
Quand aura-t-on la sagesse de comprendre que l’argent pourrit jusqu’aux plus belles choses, qu’un linceul n’a pas de poches, et qu’il ne sert à rien d’être le plus riche du cimetière ?
Article paru dans Golias Hebdo, 1e juin 2017
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