C’est un courant de pensée selon lequel il n’y a pas lieu de discriminer les êtres vivants selon leur espèce, et donc de reconnaître à l’espèce humaine un privilège particulier par rapport aux autres (ce qui est le cas du spécisme). Ce mouvement s’oppose au texte de la Genèse, d’après lequel l’homme, créé à l’image de Dieu et donc à part de toutes les autres espèces, doit soumettre, dominer et s’approprier tout ce qui vit, comme les animaux et les plantes. Les premiers peuvent donc être des personnes, comme il se voit dans le livre d’Olivier Giesberg, L’animal est une personne (Fayard, 2014). Mais on parle aussi maintenant aussi des droits à accorder aux secondes, comme êtres dotés de sensibilité.
Cette projection empathique et animiste est très ancienne, et je n’aurais rien à y objecter, sinon sa grande naïveté. Respecter inconditionnellement tout ce qui vit, comme dans l’ahimsa hindouiste, est certes un bel idéal, mais c’est fermer les yeux sur la loi de la nature, où chaque espèce n’a que le choix de manger ou d’être mangée. Peut-être un jour le loup dormira-t-il avec l’agneau, pour reprendre l’espoir d’Isaïe (11/6). Mais ce jour-là, comme disait Woody Allen, l’agneau ne dormira pas beaucoup... Les Végans d’aujourd’hui, qui vandalisent les étals des bouchers, devraient se souvenir de cette réalité.
Et puis aussi il me semble qu’il y a une petite différence entre un roseau, par exemple, et un homme : c’est la pensée, qui d’ailleurs a été mise en lui aussi bien pour son malheur que pour son bonheur.
Nier la spécificité du « roseau pensant », c’est aller au-devant de situations bien ridicules. Ainsi un coq, surnommé Maurice, accusé par des voisins de chanter trop tôt le matin, a fait l’objet, en tant que « personne » sans doute, d’une assignation en justice à Rochefort (Charente-Maritime). Le procès vient d’être reporté, Maurice, « fatigué », n’étant pas à l’audience (Source : AFP, 07/06/2019).
Les procès d’animaux de toutes sortes ont déjà fleuri au Moyen-Âge. Ils se tenaient selon les mêmes formes que les procès d’êtres humains, avec accusateur et défenseur, puis condamnation et exécution. Et on sait aussi que des excommunications ont été proférées à l’encontre de petits animaux, tels les insectes dévoreurs des récoltes. Mon Rituel romain est plein de monitoires (objurgations à s’en aller), et d’exorcismes à cet égard.
Il me semble donc qu’il demeure beaucoup d’archaïsme dans notre modernité.

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