Un pêcheur de homard états-unien du Massachusetts, déjà rescapé d’un crash aérien en 2001, s’est retrouvé dans la gueule d’une baleine avant d’en être expulsé sans blessure. Assurément il a eu beaucoup de chance, étant miraculé deux fois, ou doublement ressuscité. (Source : lemonde.fr, 14/06/2021)
Pour l’« avalement » de la baleine, on pense évidemment au cas de Pinocchio et de son père, dans le conte de Collodi. Mais surtout, et au-delà, à l’aventure de Jonas dans la Bible, même si le gros poisson qui l’ingurgite n’y est pas spécifié comme baleine. Recraché par elle au bout de trois jours, on a vu dans son aventure une préfiguration de la résurrection de Jésus, comme ce dernier y invite lui-même en s’adressant à ses contemporains : « Génération mauvaise et adultère qui réclame un signe ! En fait de signe, il ne lui en sera pas donné d’autre que le signe du prophète Jonas. Car tout comme Jonas fut dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. » (Matthieu 12/39-40).
J’ai cependant montré dans mon ouvrage La Source intérieure (BoD, 2017) que l’histoire de Jonas n’est pas celle d’une résurrection physique réussie, mais celle d’une résurrection spirituelle manquée. En effet on voit dans tout le livre que Jonas fuit sa vocation d’aller prêcher les Ninivites, jusqu’à désirer être englouti par le poisson : ce qui lui arrive ne fait qu’incarner son désir secret de blottissement quasi-fœtal au creux du navire qui le porte. De même chez Collodi il faut que Pinocchio persuade son père, qui s’y trouve bien, de sortir du ventre-matrice de la baleine, pour abandonner la régression et s’ouvrir à la progression. Et lorsque Jonas, décidément psychorigide, voit que Dieu pardonne aux Ninivites, il ne l’admet pas. Il n’a pas assez de plasticité intérieure pour accepter le pardon, même jugé injuste. La fin du livre ne montre pas qu’il a compris la leçon.
Qu’ensuite on ait vu dans le cas de Jonas rendu à l’air libre une résurrection physique littérale (comme la réanimation d’un cadavre) contrevient totalement au sens de cette histoire. Elle signifie symboliquement la stagnation qui guette tout paranoïaque qui s’imagine avoir raison et n’en démord pas. Mais les gens préfèrent être éblouis par le miracle qu’éclairés par le symbole.
Laissons pourtant à notre brave pêcheur le réconfort de croire au premier !
***
On peut voir ici la présentation de mon livre La Source intérieure, et lire la préface que lui a donnée André Gounelle :
La Source intérieure : nouvelle édition - Le blog de michel.theron.over-blog.fr
Je vous annonce la réédition revue et enrichie, chez BoD, de mon ouvrage La Source intérieure , dont je reproduis ci-après la préface écrite par André Gounelle. Ce livre est disponible dans ...
commenter cet article …