C’ |
est une erreur dans un programme informatique. Les conséquences peuvent en être cocasses, ou tragiques. Ou possiblement les deux à la fois, comme il vient de se voir dans une mésaventure arrivée à Facebook.
Le réseau social a en effet annoncé à deux millions de membres états-uniens, dont son fondateur lui-même, qu’ils étaient morts. Lorsqu’ils se sont connectés, les internautes ont aperçu en haut de leur page une fleur et le message « En souvenir » précédant leur prénom et leur nom, qui signalent les comptes de commémoration des utilisateurs décédés, dont les proches ont fait la demande. Le réseau social a reconnu une « terrible erreur » (Source : Lefigaro.fr, 12/11/2016).
Cocasserie d’abord. Ce n’est pas la première fois qu’un média annonce à tort la mort de quelqu’un. Et les réactions sont parfois fort spirituelles. Ainsi un écrivain célèbre, ayant vu dans son journal l’annonce de son décès, écrivit au rédacteur en chef pour tout simplement résilier son abonnement, qui évidemment n’avait plus lieu d’être s’agissant d’une personne disparue.
Mais les conséquences de ce type de bourdes peuvent être tragiques. Imaginez la réaction de parents à l’étranger découvrant sur Facebook le profil « commémoratif » d’un proche !
On sait que l’erreur ou la méprise sur la mort de quelqu’un sont les ressorts de beaucoup de fictions tragiques. Par exemple, dans la mythologie grecque, Pyrame, cherchant son amante Thisbé, et ne voyant à sa place que son foulard et un lion, pense qu’elle a été dévorée par ce dernier, et se tue : évidemment apparaît ensuite Thisbé, bien vivante.
Pensez aussi à Roméo et Juliette : le premier se tue par désespoir, pensant la seconde morte, alors qu’il n’en est rien. La faute tragique (en grec hamartia) vient d’une erreur d’interprétation, qui équivaut à une fausse information.
Ou encore pensez à la jalousie d’Othello, qui pense Desdémone infidèle et en vient à la tuer, uniquement à cause d’un objet aussi infime qu’un mouchoir.
Petites causes, grands effets. On sait de même que des crises financières très graves peuvent venir de programmes prenant des décisions si rapides qu’ils ne peuvent être contrôlés. Une machine, un programme peuvent toujours nous jouer des tours. Il y a beaucoup d’œuvres (romans, films...) qui illustrent cela aujourd’hui. Je pense à Brazil de Terry Gillian, ou les malheurs « kafkaïens » qui arrivent au héros sont dus à l’erreur initiale d’une machine, qui a fait une interversion de lettres dans l’écriture d’un nom.
Quand un ordinateur se trompe, et qu’une catastrophe survient, on ne peut pas réinitialiser le programme pour revenir en arrière : aucun reset n’est possible. Aussi les fanatiques de l’informatique et du « tout numérique » feraient-ils bien d’avoir plus de prudence dans leur engouement, et cesser de croire infaillibles leurs opérations.
24 novembre 2016
***
Ce texte est extrait de mon dernier recueil d'articles Petite philosophie de l'Insolite. L'ouvrage est disponible en deux formats, papier et livre électronique (E-Book). On peut en feuilleter le début en cliquant ci-dessous sur : Lire un extrait. On peut le commander sur le site de l'éditeur en cliquant sur : Vers la librairie BoD. Il est aussi disponible sur commande en librairie et sur les sites de vente en ligne.
17,00€Livre papier
Lire un extrait
DESCRIPTION
Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
***
Pour voir la liste de tous mes livres édités chez BoD, cliquer : ici.
***
Enfin n'hésitez pas à visiter mon blog artistique, pour voir des photos, des vidéos, des textes littéraires et poétiques :
commenter cet article …