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Un ancien article, mais toujours actuel
Elle me semble très fâcheusement le fait de beaucoup de décisionnaires dans notre pays. Je n’en veux prendre que deux exemples.
Plus de 8000 desserts au chocolat d’une cantine scolaire du Havre ont été jetés au motif qu’ils contenaient de la gélatine de porc interdite à la consommation par certaines religions.
Comment ne pas voir là d’abord un gaspillage scandaleux à l’heure où vient de commencer la nouvelle campagne des Restos du Cœur, où beaucoup de personnes démunies n’ont pas de quoi se nourrir, et pour ce faire en sont réduites à fouiller les poubelles ?
Ensuite, au nom d’un argumentaire inverse et symétrique, certains consommateurs, par réflexe anticlérical, pourraient refuser à leur tour de manger de la nourriture religieusement permise qui leur serait imposée par cantines et restaurants : à partir de là pourraient s’engendrer des conflits sans fin, car évidemment il ne faut pas faire deux poids deux mesures.
Enfin, et plus profondément, il me semble que, comme dit l’Évangile, ce qui est pur n’est pas ce qui entre en nous, et qui terminera de toute façon aux lieux d’aisance, mais ce qui en sort : paroles et regards, par exemple.
Second exemple : il y a quelques jours déjà la directrice d’une école maternelle de Montargis a voulu annuler la visite du Père Noël, sous la pression de certains parents hostiles à cet usage au nom de leur confession religieuse.
À quoi il faut répondre deux choses. D’abord le Père Noël n’a aucune origine religieuse. Il a été créé par un dessinateur américain en 1931 pour vanter le Coca-cola ! À la limite, c’est à saint Nicolas que ces parents auraient dû s’en prendre.
Ensuite, il me semble bien dommage de supprimer pour les enfants une occasion de rêver. L’homme a besoin de s’émerveiller pour vivre. Toute occasion de le faire est bonne, surtout au regard du matérialisme et du positivisme ricanant qui nous environnent.
La vérité est que ces décisions sont dictées par la peur. On sacrifie aux exigences du communautarisme, par peur des conséquences, très souvent supposées d’ailleurs, que telle ou telle décision peut avoir. Signe des temps... Relisons Péguy, dans Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc : « Il y a partout une lâcheté infinie. » Toutes ces démissions auxquelles nous assistons n’ont pour origine, sur fond d’ignorance et d’inculture, que la poltronnerie.
Article paru dans Golias Hebdo,19 décembre 2012
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DESCRIPTION
Les textes composant cet ouvrage sont tous parus, sous leur forme initiale, dans un journal hebdomadaire. Ils concernent des sujets d'actualité étranges, bizarres, insolites, souvent amusants, mais se prêtant toujours à un commentaire philosophique. Ils peuvent servir de points de départ pour la réflexion individuelle du lecteur, mais aussi ils peuvent alimenter des débats thématiques collectifs (cours scolaires, cafés-philo, réunions de réflexion...).
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