Les expérimentations à l’école de la méditation de pleine conscience (MPC) viennent de se heurter à un refus catégorique du Ministère. Pratique inspirée du bouddhisme, elle pourrait générer des dérives sectaires, du fait de l’intervention de personnalités extérieures aux établissements. (Source : lefigaro.fr, 04/02/2022)
Je comprends cette crainte, s’agissant d’enfants que l’on peut facilement influencer. Pour les adultes, il en est différemment, et les ateliers de MPC que le psychiatre Christophe André par exemple a initiés en milieu hospitalier peuvent être très utiles. Un adulte est capable de prendre et rejeter ce qui lui convient, adopter certaines techniques et se distancier de tel ou tel contexte religieux ou philosophique qui leur a donné naissance.
Cependant il ne faudrait pas ici rejeter le bébé avec l’eau du bain. Je crois d’extrême urgence le développement de la faculté de concentration chez les élèves, petits et grands. Car le vrai problème est que submergés de stimuli extérieurs ils sont incapables de fixer longuement leur attention sur le moindre sujet. L’attention, disait Malebranche, est la piété majeure de l’esprit. Simone Weil disait de même. Si l’École arrivait déjà à développer seulement l’attention chez les élèves, il me semble qu’elle aurait suffisamment rempli sa tâche. Pour l’acquisition de connaissances, ils auront toute leur vie, et des moyens de les acquérir (Internet par exemple) parfaitement inconnus de leurs aînés. On peut pourvoir à l’instruction tout au long de l’existence. Mais c’est en pure perte s’il n’y a pas dès l’enfance éveil à l’attention.
Toute méditation ne se ramène pas à la MPC. Il est des techniques très simples, élémentaires même, pour induire le calme. Pratiquement on pourrait commencer chaque cours par cinq ou dix minutes de silence absolu, assis et immobile. Peu importe ce à quoi on penserait. Au moins resterait-on silencieux. Cela contribuerait en tout cas à solenniser ce qui va suivre, le cours dispensé, délivré du brouhaha physique et mental habituel. Il faut croire à la valeur pédagogique des postures et des rites. Pascal allait même jusqu’à dire que la disposition à croire était favorisée par le fait de prendre de l’eau bénite.
Ce que je dis vient de ma longue expérience de professeur de l’enseignement public. Si les garde-fous n’y sont pas mis, toute classe est chroniquement vouée au tumulte et à l'agitation.
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