Étymologiquement, c’est le fait de répéter en écho (ekhein) une voix descendue d’en-haut (kata). On pense aussi au psittacisme, le perroquet (psittakos) se contentant de répéter ce qu’on lui dit. Ou encore à l’écholalie (parole en écho). On voit qu’il s’agit ici de résonner plutôt que de raisonner.
C’est à quoi j’ai pensé en écoutant au Journal du soir de l’A2, le 28 mars dernier, la candidate de Lutte ouvrière à l’élection présidentielle. À propos du conflit initié par Vladimir Poutine, elle a dit qu’il ne fallait pas livrer des armes aux Ukrainiens, et que la solution était entre les mains des travailleurs russes et de leur sa capacité à renverser le régime en place dans leur pays. Elle a dit la même chose le même jour à RTL (lien).
Elle a pris l’exemple de la révolution russe de 1917, survenue pendant la Première guerre mondiale, menée par des ouvriers pour renverser les fauteurs de guerre, qui a permis de freiner les combats sur le front est. Manifestement il y avait là pour elle, à plus d’un siècle de distance, une façon de comprendre des événements actuels.
C’est en quoi précisément je parle de catéchisme. Il réside dans l’imposition d’une grille prédéterminée de compréhension sur tout sujet nouveau qui se présente. Les présupposés et constituants de cette grille sont dans le Manifeste du Parti communiste du milieu du XIXe siècle, avec son slogan en forme de mantra : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! », qui a donné naissance à l’internationalisme prolétarien. Autrement dit, il faut attendre la révolte du prolétariat pour agir vraiment contre la guerre.
Plusieurs remarques viennent à l’esprit. D’abord la responsable de Lutte ouvrière, en répétant la vulgate marxiste et son catéchisme, oublie évidemment le destin tragique de la révolution russe, qui a abouti à Staline, aux purges et aux camps. Elle appelle de ses vœux sa répétition seulement, sans nuance ni prudence.
Ensuite il n’est pas sûr du tout que les ouvriers russes d’aujourd’hui soient dans les mêmes conditions que ceux de 1917. L’Histoire change, et on ne peut lui appliquer abstraitement un schéma de compréhension immuable et forgé par anticipation, signe ici d'une grande psychorigidité.
Enfin et surtout, face au déferlement de violence qui accable le peuple ukrainien, il y a une extrême urgence à réagir. Ce n’est point le moment de faire le délicat, de modérer ses réactions, d’incriminer l’OTAN comme elle l’a fait, et de se réfugier dans l’eschatologie, en attendant religieusement la venue du Grand Soir.
Ici toute idéologie pacifiste se heurte à la remarque de Churchill à l’adresse de Chamberlain, après Munich : « Vous aviez le choix entre la honte et la guerre. Vous avez choisi la honte, et vous aurez la guerre. »
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