C’est une arme redoutable dans les conflits, et par elle on peut triompher d’un adversaire sans l’attaquer de front. Le personnage d’Ulysse, par exemple, en est l’incarnation. Son intelligence, sa mètis, lui permet dans l’Odyssée de triompher du Cyclope, des Sirènes, etc. De même, comment les anciens Grecs auraient-ils pris Troie, sans le stratagème du fameux cheval ?
Face à Vladimir Poutine, qui dans le conflit russo-ukrainien incarne la force brutale, seule arme à laquelle il croit, on aurait attendu de la part des Occidentaux plus de ruse et d’invention. Par exemple le président états-unien aurait pu se dispenser de dire avant même le déclenchement du conflit qu’aucun soldat de l’OTAN ne combattrait sur le sol ukrainien. Cette parole ne pouvait que fortifier Vladimir Poutine dans son projet d’invasion. Pareillement les Occidentaux auraient pu se dispenser de dire publiquement qu’ils allaient livrer des armes à l’Ukraine. Cela a naturellement servi la propagande russe, et n’a pu qu’augmenter le déferlement de missiles sur le pays envahi. Si on voulait aider ce dernier, il suffisait de fournir des armes sans le dire, clandestinement.
Il n’est jamais de bonne tactique que de dire à l’avance à un ennemi ce qu’on va faire. Et si on le dit, il faut ensuite le faire. Ne pas se trouver dans la position du président Obama, qui après avoir parlé de ligne rouge à ne pas franchir à propos de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, n’a rien fait ensuite pour mettre sa menace à exécution quand ces armes ont été utilisées. De cette reculade Vladimir Poutine a évidemment retiré l’idée que l’Occident était fragile et peu déterminé : il y a vu un encouragement à poursuivre sa politique impérialiste.
Dernièrement le président Biden en Pologne a appelé de ses vœux le départ de Vladimir Poutine du pouvoir. Cette parole venait du cœur d’un homme plein d’empathie pour les victimes de cette guerre. Mais aussitôt après la Maison-Blanche a fait savoir qu’il n’était pas dans les intentions des USA de provoquer un changement de régime en Russie. Évidemment elle a voulu rompre avec l’habitude états-unienne de ce genre d’entreprises, comme il s’est vu en Irak et en Afghanistan. Mais quel besoin avait-on de faire cette correction ? Voulait-on ne pas indisposer Vladimir Poutine ? Bien plutôt ce dernier a-t-il dû se féliciter de cette nouvelle reculade, qui lui a montré encore une fois la faiblesse de son ennemi.
Il est certes permis d’être hésitant et indécis. Mais il ne faut pas le montrer à l’adversaire, qui y trouve un blanc-seing et une absolution pour ce qu’il fait.
« Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc rusés comme les serpents et candides comme les colombes. » (Matthieu 10/16) Il me semble que l’Occident ici est plus candide que rusé...
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