Elle caractérise souvent les résultats auxquelles aboutissent nos actions, même animées des meilleures intentions. Ainsi l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Vladimir Poutine est en passe d’aboutir à des résultats opposés à ceux qu’escomptait obtenir le Président russe. Il pensait museler facilement l’Ukraine, et il se heurte à des difficultés telles qu’on ne voit pas la guerre gagnée pour lui. Il comptait que l’Europe se diviserait face à son entreprise, et au contraire elle s’est liguée ensemble contre lui, le mettant pour longtemps au ban des nations démocratiques. Il voulait éloigner et affaiblir l’OTAN, et c’est le contraire qui s’est produit, au point que des pays comme la Finlande désormais, demain la Suède, et sans doute encore d’autres, veulent ou voudront intégrer cet organisme. Bref sur toute la ligne il a abouti au contraire de ce qu’il cherchait. Comme un boomerang, les conséquences de ce qu’il a voulu lui reviennent sans pardon.
C’est d’ailleurs là une caractéristique inhérente à toute action. Les aboutissants d’un acte sont toujours imprévus au départ, et contredisent bien souvent le but recherché. La Tragédie grecque le montre bien, par exemple avec le cas d’Œdipe : il crée son destin en voulant l’éviter, et ainsi tue son père et épouse sa mère. Telle la mouche prise dans une toile d’araignée : plus elle se débat, plus elle est prise. Ou bien quand on est pris dans des sables mouvants : il ne faudrait pas bouger, mais en le faisant on s’enfonce davantage.
La chute d’une pierre au centre d’un étang engendre des vagues qui vont grandissant jusqu’à la rive, et la dernière vague est sans commune mesure avec l’élément initial déclenchant. L’or pur se change en plomb. L’Ours de La Fontaine casse la tête de son ami le jardinier en voulant écraser une mouche qui s’est posée sur le nez de celui-ci durant sa sieste. Cet Ours était animé des meilleures intentions, mais il a commis une faute (l’hamartia grecque) par irréflexion.
Quand nous agissons, nous devons nous souvenir de ces lois tragiques. On peut essayer l’agir sans agir (wou-wei) de Lao-Tseu, c’est-à-dire l’agir avec distance, sans focalisation sur le résultat. Ou tout simplement parfois ne pas agir du tout. Un précepte médical ancien disait : Quieta non movere – Ne pas toucher ce qui est tranquille. Pourquoi Vladimir Poutine ne s’en est-il pas souvenu, avant d’agresser l’Ukraine qui ne lui faisait rien ?
La rose n’a d’épines que pour qui veut la cueillir.
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