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ous sommes en Occident si habitués à la lutte contre ce qui nous arrive que nous avons du mal à considérer comme salutaire son acceptation en pleine conscience, sans jugement aucun.
En quoi nous avons tort. Bien sûr je fais exception des injustices sociales, qu’il faut combattre sur leur propre terrain. Mais pour le reste, nous ferions bien mieux d’accepter ce que nous apporte le présent, en le voyant clairement, et en y adhérant sans réserve.
Une étude médicale dernièrement parue montre que l’état de « pleine conscience » (mindfulness), utilisé dans le cadre de la méditation, a un impact salutaire sur la santé. Il réduit l’impact du stress et de l’anxiété, qui exposent à une production excessive d’hormones et peuvent créer dépression, prise de poids, problèmes digestifs, baisse de la concentration et de la capacité de mémorisation. Mais les sujets qui acceptent leurs émotions négatives ou les situations imprévues sans rumination peuvent limiter cette réponse physiologique (Source : Slate, 13/06/2014).
L’article fait référence, comme origine de cette posture, au bouddhisme. Mais point n’est besoin d’y recourir, car l’attitude d’acceptation est une constante de toute religion et de toute spiritualité, et existe donc aussi chez nous.
Voyez le Fiat ! (« Que cela soit !) qu’on trouve dans la deuxième demande du Notre Père, ainsi que dans la réponse de Marie à l’Ange lors de la scène de l’Annonciation (Luc 1/38). Les Beatles ont même paraphrasé ce dernier exemple dans leur célèbre chanson Let it be ! Cette formule, ce mantra, nous les devons comme ils le disent à notre Mère Marie (Mother Mary) qui peut venir vers nous pour nous donner une leçon de sagesse (wisdom).
Adhérer à ce qui se produit ici et maintenant (hic et nunc) est le meilleur moyen de se délivrer des tensions qui de toute façon ne le feront pas disparaître, mais ne feront qu’amplifier notre souffrance.
Quand on fait de la voile, s’il y a un coup de vent, le réflexe est de se crisper et de tirer sur les écoutes : c’est le meilleur moyen d’aller à l’eau. Si ou contraire on lâche tout, le bateau flotte comme un bouchon, et on ne risque rien.
Sachons donc être totalement lucides sur ce que nous vivons, ne pas être dans le déni ou le refus qui aveuglent, ne pas fermer nos poings pour la lutte, mais au contraire ouvrir nos mains pour l’accueil.
Cela bien sûr, par exemple en monde chrétien, récuse toute eschatologie, toute posture d’attente, et même toute idée d’espérance. L’acquiescement au présent en effet est bien différent de l’attente d’un salut futur, même si les deux postures peuvent parfois coexister dans une même construction religieuse.[1]
Article paru dans Golias Hebdo, 26 juin 2014
[1] Toutes ces considérations sont reprises et développées dans mon ouvrage Sur les chemins de la sagesse – Des clés pour mieux vivre, éd. BoD, 2019.
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Cet article est extrait de mon ouvrage en deux tomes Chroniques religieuses, édité chez BoD. On peut les feuilleter en cliquant ci-dessous sur Lire un extrait. Et on peut les acheter sur le site de l'éditeur en cliquant sur Vers la librairie BoD :
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