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est simplement si on s’en réfère à l’étymologie grecque du mot (ekklèsia) une assemblée, celle des croyants.
Rien dans le mot ne suggère une Administration, ou un Gouvernement quelconque d’un groupe d’hommes par certains d’entre eux. Jésus par exemple n’a pas fondé l’Église au sens où nous l’entendons aujourd’hui. On connaît la phrase de Loisy : « Jésus a annoncé le Royaume, et c’est l’Église qui est venue. »
Pour s’autoriser de la filiation apostolique, l’Église de Rome se réclame du verset matthéen : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église… » (16/18) D’abord ce calembour, comme le ferait remarquer un voltairien, ne fonctionne pas en beaucoup de langues (You are Peter, and on that stone... !). Ensuite on peut soupçonner que ce verset a précisément été inséré dans le texte évangélique pour fonder la filiation apostolique : l’Église alors ne pourrait pas s’en prévaloir.
Dès qu’elle a eu le pouvoir, à partir de Constantin, elle n’a cessé de s’opposer à ceux qui ne voulaient pas se comporter en moutons, en ouailles (du latin ovicula : petite brebis), dociles à la voix du Berger. De là la phrase bien connue de Cyprien de Carthage : Extra Ecclesiam nulla salus – Hors de l’Église point de salut. Elle peut donc rejeter ceux qui ne lui conviennent pas hors de la communion eucharistique : c’est l’excommunication. Les hérétiques de tout temps en ont bien fait les frais.
Se réclamant de Dieu, l’Église est une théocratie : ceux qui y voudraient voir une démocratie se trompent sur sa nature même, puisque le Chef suprême en est le représentant de Dieu sur terre.
Par ailleurs, on sait qu’ordinairement le souffle prophétique se perd dans l’administration. La mystique, pour reprendre le mot de Péguy, se dégrade en politique, et puis, les hommes étant ce qu’ils sont, cette dernière se dégrade à son tour en intrigue. Une fois devenus, selon le mot de Drewermann, Fonctionnaires de Dieu, ceux qui devraient être à son service ainsi qu’à celui de la communauté ne cherchent bien souvent qu’à conquérir et à garder le pouvoir, tentation que pourtant Jésus, autorité mandante dont ils se disent les mandataires, a refusée face au Diable lors de sa tentation au désert, racontée dans les évangiles synoptiques.
Toutes ces considérations concernent dans mon esprit l’Église de Rome. Elles sont d’actualité face à l’élection d’un nouveau pape. Les choses changeront-elle à cette occasion ? L’avenir le dira…
Article paru dans Golias Hebdo, 21 mars 2013
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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