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est un dogme hindouiste selon lequel le destin d’un homme est déterminé par ses actions passées et ses vies antérieures.
C’est à quoi j’ai pensé en découvrant dans ma boîte aux lettres une publicité pour des séances de psycho-généalogie.
Celle-ci en effet ne fait que réactualiser celui-là. Elle veut nous délivrer du fardeau que font peser sur nos vies les conflits non résolus dans celle de nos ascendants. Le prospectus parle, en réactivant la vieille astrologie, de « constellations familiales », à évoquer en des sortes de psychodrames, pour lesquels bien sûr il faut payer.
On peut constater que les livres de psycho-généalogie sont en très grand nombre : il y a là un marché juteux, comme tout ce qui entoure le fameux « développement personnel ». Après tout, la crédulité étant si répandue, pourquoi se priver d’en tirer profit ?
Il est vrai de dire que tous nos actes ont dans nos vies des conséquences souvent imprévues. Le problème n’est pas dans l’idée qu’un acte porte ses fruits, mais dans la transmission du poids de l’acte d’une vie à l’autre, selon le scénario de la réincarnation tel qu’on le formule en Orient, ou des ascendants aux descendants, comme dans ce que dit la psycho-généalogie.
On substitue à une responsabilité personnelle, dont le poids est déjà fort lourd à porter, une responsabilité diluée, globale ou collective, dont notre droit par exemple a déjà fait justice, avec raison.
L’idée du karma peut faire accepter le malheur présent, en pensant qu’on y paie ou expie la faute des générations passées. En Inde le paria ou l’intouchable (dalit) peut expliquer son sort misérable par le poids de mauvaises réincarnations, justifiant ainsi le système des castes. C’est une autre version pernicieuse de la rétribution théologique.
Notez pourtant que la Bible évolue ici. À un « Dieu jaloux qui punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération » (Exode 20/5), succède la vision du prophète : « En ces jours-là, on ne dira plus : ‘Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées.’ Mais chacun mourra pour sa propre iniquité. » (Jérémie 31/29-30)
Pauvre psycho-généalogie ! Que n’a-t-elle lu ce dernier passage !
Article paru dans Golias Hebdo, 25 juin 2009
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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.
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